Les uns veulent le juger en Irak, les autres à l?étranger. Le sort de Saddam Hussein se jouera dans les jours à venir. «Maintenant, l?ancien dictateur va faire face à la justice qu?il a refusé de donner à des millions de gens», a déclaré Paul Bremer, administrateur civil américain en Irak. «L?ancien dictateur va maintenant faire face à la justice», a renchéri George W. Bush. D?emblée, l?un et l?autre ont annoncé la couleur : le président déchu sera jugé. Si c?est là un fait admis et établi, il reste que les circonstances de son procès s?annoncent très floues tout comme son statut d?ailleurs et ce, même si les Américains, par précaution, ont voulu lui donner les mêmes droits qu?à un prisonnier de guerre. «Il s?est vu accorder la protection du statut de prisonnier de guerre et il sera traité en accord avec la convention de Genève», a affirmé Donald Rumsfeld, secrétaire américain à la Défense. Le débat, ouvert dans les quelques heures ayant suivi son arrestation, risque d?être houleux entre ceux qui veulent le voir comparaître en Irak et ceux qui demandent son jugement par un tribunal international. Pour le Conseil de gouvernement provisoire irakien, la question est tranchée «Saddam Hussein sera jugé par des juges irakiens et le tribunal va travailler et statuer en Irak sous la supervision d?experts internationaux», a déclaré Abdelaziz Hakim, président en exercice du Conseil. De son côté, Dara Noureddine, membre du Conseil de gouvernement a affirmé que «Saddam Hussein sera le premier à comparaître devant la cour spéciale irakienne chargée de juger les crimes contre l?humanité si le dossier d?instruction est terminé selon les règles et avec toutes les preuves nécessaires». Ce tribunal, installé le 10 décembre dernier en prévision justement du procès de Saddam Hussein, ne fait, toutefois, pas l?unanimité quant à sa légitimité, son impartialité et sa capacité de fonctionner dans le climat d?insécurité générale actuel en Irak. «Ce que nous craignons c?est que derrière les apparences d?un procès conduit par les Irakiens, ce soient les Américains qui tirent les ficelles», avait commenté un expert juridique de Human Rights Watch, il y a quelques jours, à l?annonce de l?installation de ce tribunal. «Il est important que ce procès ne soit pas perçu comme une justice de vengeance», a déclaré, hier, dimanche, le directeur de cette organisation. Si du côté de la Maison-Blanche, aucune déclaration n?a encore été faite hormis celle établissant que «la question sera tranchée ultérieurement», sénateurs démocrates et républicains sont déjà partagés, les premiers pour un procès irakien, les seconds pour une compétence internationale «à même de prononcer une peine capitale». Londres se dit justement opposé à la peine de mort contre Saddam et appelle à sa comparution dans son pays. «Il est important que les Irakiens résolvent cette question eux-mêmes», a affirmé Bill Rammell, secrétaire d?Etat aux affaires étrangères. La Ligue arabe s?est prononcée pour un procès en Irak alors que le Canada souhaite un procès «sous des auspices internationaux». Amnesty se contente d?appeler à «un procès crédible».