Pain, riz, pâtes, ciment, fer : trois denrées alimentaires de base et deux produits essentiels pour le secteur immobilier constituent actuellement les cinq casse-tête du régime du président égyptien Hosni Moubarak, confronté à une vague de contestations sociales sans précédent. Les responsables qui, il y a trois mois, multipliaient les déclarations sur la nécessité de trouver des alternatives aux subventions gouvernementales directes aux denrées alimentaires pour réduire le déficit budgétaire (5,3% en 2006-07), tiennent aujourd'hui un discours radicalement différent. Gamal Moubarak, fils et successeur potentiel du président, a affirmé que l'Etat n'hésiterait «pas un instant à augmenter les subventions aux produits de base si cela s'avérait nécessaire». Cité vendredi par la presse, il a plaidé également pour «une augmentation des salaires» des cinq millions de fonctionnaires. Prenant conscience de l'ampleur de la colère populaire, qui s'est traduite par des grèves répétées, le régime égyptien commence à prendre des mesures pour juguler les prix. Le pain subventionné, principal aliment de la majorité des 76 millions d'Egyptiens -- dont 40% vivent selon la Banque mondiale autour du seuil de pauvreté --, se fait rare depuis des semaines. Les queues devant les kiosques où il est vendu, provoquent parfois des heurts qui ont déjà fait au moins huit morts, selon la police. Pour le riz, le gouvernement a décidé de suspendre les exportations de riz pour six mois, du premier avril à début octobre et ce, pour accroître l'offre.