Succès n Aujourd'hui, Mustapha et Sarah sont mari et femme et la famille n'y a vu que du feu… Il n'est pas aisé d'évoquer, sans appréhensions particulières, le sujet. Mais le jeune Mustapha semble disposé à parler. «J'habite une belle villa et ma famille n'est pas au courant que ma femme est originaire d'un bidonville», lâche-t-il, quelque peu gêné par l'audace de la question. Avec tous les clichés qui collent aux habitants de ce genre de lieux, la question ne pouvait être évitée. Chauffeur de taxi, il se rendait régulièrement à Blida. C'est là qu'il a connu, au hasard d'une course, Sarah, alors lycéenne. La fille n'a rien dit de sa condition sociale. Au fil des rencontres, les choses évoluèrent naturellement jusqu'à ce que les deux tourtereaux soient épris l'un de l'autre. Jusqu'au jour où il découvrit la triste réalité. «Elle m'a dit, sans transition aucune, qu'elle habitait à Sidi Abdelkader, dans un bidonville.» Ce fut le choc pour le jeune qui se trouve subitement pris entre deux feux. La flamme de l'amour qu'il vouait à sa dulcinée et l'incendie que ne manquerait pas de déclencher la découverte par sa famille conservatrice que son enfant chéri allait lier son destin à une fille issue d'un milieu malfamé. «Je ne savais pas quoi faire. Je n'étais pas sans savoir que, même dans les bidonvilles, on pouvait tomber sur de bonnes familles que seules des circonstances particulières ont amenées à vivre dans de telles conditions. Mais ce n'était pas facile à admettre. Comme tout le monde, j'ai imaginé divers scénarios de ce que serait mon avenir, mais je n'ai jamais pensé un seul instant que j'allais être confronté à un tel dilemme», nous dit-il. L'indécision a duré plusieurs semaines, avant que Mustapha ne décide de prendre le taureau par les cornes. «Après une longue méditation, j'ai pris la décision d'épouser Sarah quel que soit le prix à payer», ajoute-t-il dans un élan de confession qui ne semble pas près de son épilogue. Le jeune homme en a visiblement gros sur le cœur. Il donne l'impression de chercher depuis longtemps à se confesser. Difficile de l'arrêter. Avant de se décider, Mustapha a pris le soin d'écouter sa bien-aimée sur les raisons qui ont fait qu'elle se retrouve, elle et sa famille, sous un toit de tôle. La famille coulait des jours heureux dans un appartement au centre-ville de Blida, jusqu'au jour où le père décide de convoler en secondes noces avec une autre femme qui a plus d'atouts à faire valoir que la vieillissante Z'hor. Il quitte le domicile laissant cette dernière se débrouiller comme elle peut pour subvenir aux besoins de ses trois enfants. Elle fait femme de ménage pour 5 000 DA par mois. Il va sans dire qu'elle n'a pas pu renouveler le bail de l'appartement arrivé à terme. Plus d'autre choix que d'aller grossir les rangs des laissés-pour-compte de Sidi Abdelkader. Sa résolution prise, il restait à Mustapha d'avouer l'indicible à sa famille. «La seule personne qui pouvait me comprendre, c'était ma mère. Je savais qu'elle pouvait passer l'éponge pour ne pas me voir malheureux», confie-t-il. Hors de question de mettre au parfum le très conservateur père où encore les fouineuses sœurs et cousines. Aujourd'hui, Mustapha et Sarah sont mari et femme et tout ce beau monde n'y a vu que du feu…