L'un des événements majeurs des festivités de yannayer est son souper, (imensi n' Nnayer en berbère, â'ca yannayer en arabe) préparé la veille de l'incidence, soit le 31 dujember (11 janvier), mais le repas, dans certaines régions, peut avoir lieu le jour de la fête, voire le lendemain ou 3 jours après. Le souper proprement dit comprend généralement du couscous que l'on prépare avec les légumes de saison (sept, dans certaines régions) et surtout du poulet. Le poulet ou plutôt, dans les campagnes, des coqs qu'on élève pour la fête, symbolise, dans la tradition algérienne et maghrébine, un animal solaire, dont le sang, en arrosant la terre, lui assure la fertilité et aux membres de la famille, la protection des forces invisibles. On égorgeait aussi des chèvres, des moutons et, dans certaines régions, comme la Kabylie, on organisait des sacrifices communautaires (timecret ou ‘aâda), avec égorgement de bœufs. Quand on n'avait pas d'animaux à égorger, on mettait, dans le souper, de la viande séchée. Si l'hiver est une saison de restrictions, yannayer, en ouvrant l'année, place celle-ci sous le signe de l'abondance : aussi, le principe, ce jour-là, est de manger à satiété. Après le souper, la maîtresse de maison demande à chacun s'il a mangé à sa faim. Tous doivent répondre : «Grâce à Dieu, nous n'avons pas faim» et la maîtresse répond : «Soyez toujours rassasiés, que cette maison ne connaisse pas la faim !»