A Yannayer, on tire présage de tout : si les poulets que l'on égorge donnent beaucoup de sang, l'année sera fertile et on aura de bonnes récoltes, les beignets et les galettes doivent bien lever, pour que tout soit abondance, les grains de blé du chercham, préparé à Oran, doivent gonfler, etc. Dans certaines régions, on place des assiettes contenant des boulettes de pâtes, des grains de blé, des flocons de laine et, le lendemain, selon les transformations que la rosée leur a fait subir, on tire les pronostics sur l'année agricole : l'année sera pluvieuse ou sèche, les récoltes seront bonnes ou mauvaises... En cas de pronostic défavorable, on recourt à des rites de magie pour détourner le mauvais sort. Fête de l'abondance, Yannayer est aussi la fête du renouvellement. Autrefois, dans les campagnes, on allait chercher dans les bois des plantes vertes et des branches que l'on jetait dans les cours des maisons, sur les terrasses ou sur les toits. On est encore en hiver, mais il s'agit là des prémices de la belle saison que l'on appelle de tous ses vœux. On fait également des litières de plantes vertes pour les bestiaux, pour que règne l'abondance, représentée par la verdure. Le renouvellement se marque aussi par toute une série de transformations. Ainsi, tout ce qui est usé dans la maison est changé : les écuelles, les étagères sur lesquelles on aligne la vaisselle, on repasse la maison à la chaux, on balaye coins et recoins, etc. On refait le foyer creusé dans le sol et on change les trois pierres du foyer.