Le bureau du Conseil français du culte musulman (Cfcm) a exprimé lundi sa «vive inquiétude» devant les «dispositions discriminatoires à l'égard des musulmans» contenues dans un rapport sur la laïcité, dans une lettre ouverte au président Jacques Chirac. Le Cfcm, représentatif des quelque 4 à 5 millions de musulmans de France, estime notamment que la disposition interdisant les signes religieux ostensibles à l'école pour n'autoriser que les signes discrets (médailles, petites croix, étoiles de David, mains de Fatima ou petits Coran) «apparaît comme prioritairement discriminatoire à l'égard de l'Islam, les signes présentés comme discrets attribués à notre religion relevant plus de la tradition que de la pratique religieuse». Le Cfcm a souligné, lors d'une réunion extraordinaire à la Mosquée de Paris, la «gravité» de la situation en plein débat sur l'opportunité ou pas d'interdire par une loi le port du voile islamique dans les écoles. Un rapport présenté la semaine dernière au président Chirac préconise notamment l'interdiction des signes religieux «ostensibles» dans les établissements scolaires et l'instauration de deux nouveaux jours fériés à l'école pour l'Aïd el-Kebir et le Kippour. Le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin s'est déclaré lundi opposé à cette dernière proposition. Selon un sondage publié lundi, 53 % des musulmanes en France se déclarent opposées «au port visible d'un signe d'appartenance religieuse pour ceux qui le souhaitent dans les classes des écoles publiques». Le président Jacques Chirac doit trancher, mercredi, cette question qui divise les Français et leurs partis politiques.