Climat n Un calme précaire régnait ce matin dans la cité industrielle Mahallah-al-Koubra, du delta du Nil, dans le nord de l'Egypte, où des affrontements ont lieu entre population et force de l'ordre depuis dimanche dernier. Les Egyptiens ont commencé à voter, ce mardi matin, pour des élections municipales sur fond de tension sociale, mais sans le moindre suspense sur une victoire du parti du président Hosni Moubarak après la mise à l'écart de l'opposition islamiste. Le scrutin s'est ouvert à 35,6 millions d'électeurs pour désigner les maires des 52 000 localités de ce pays de près de 80 millions d'habitants, mais la participation paraissait faible, selon les agences de presse. Déjà mis de facto hors jeu par le pouvoir, leurs candidats victimes de rafles ou empêchés de se présenter, les Frères musulmans ont appelé, hier à boycotter cette élection. D'après les chiffres communiqués par les Frères musulmans, les autorités ont empêché l'écrasante majorité des leurs – près de 4 000 candidats – de déposer leurs candidatures. Seuls 21 candidats de la confrérie sur les 498 retenus initialement par une commission électorale étaient autorisés à y participer. La formation politique au pouvoir, le Parti national démocrate (PND), sera présente partout avec ses 52 000 candidats qui submergent un millier de postulants d'un camp adverse divisé, du parti libéral Wafd aux communistes du Tagammou. Cette consultation avait été reportée en 2006, le pouvoir redoutant de voir se rééditer une percée des islamistes. Interdits, mais tolérés, les Frères musulmans avaient remporté un siège sur cinq aux législatives de 2005. Les municipales se tiennent dans un climat tendu, en raison d'une flambée de prix et d'une pénurie de pain subventionné, un aliment essentiel pour près de 40% des Egyptiens qui vivent près ou en dessous du seuil de pauvreté. Des heurts violents ont éclaté entre manifestants et forces de l'ordre à Mahallah al-Koubra, une cité industrielle du delta du Nil, dans le nord de l'Egypte, faisant environ 80 blessés, selon des responsables de la sécurité. Ces heurts ont repris, depuis hier, entre policiers et des milliers de manifestants. La veille, de semblables heurts avaient duré plusieurs heures. Cependant, un calme précaire était revenu, ce matin. Trente personnes – civils et policiers – ont été blessées et 150 autres ont été arrêtées au cours des dernières heures, a indiqué une source policière. Au total, 88 personnes ont été blessées et la police a procédé à 300 interpellations depuis le début des heurts dimanche dernier. Face à la pression policière, mais aussi en raison de divisions internes, une grève envisagée des 24 000 ouvriers de l'usine textile publique Misr Filature et Tissage ne s'était pas produite avant-hier dimanche. Il y a deux ans, c'est de cette usine qu'était parti un grand mouvement de contestation qui avait gagné le secteur textile public – le second industriel du pays – et qui est concentré dans le nord du pays.