La police a empêché avec violence la tenue de manifestations dans les principales villes égyptiennes. Les protestataires voulaient faire de la journée de dimanche une journée de grève générale, afin de dénoncer la cherté de la vie. Mais les autorités ont déployé un important dispositif de sécurité pour empêcher la tenue des rassemblements. Apparemment, ce dispositif semble avoir été dissuasif, dans la capitale, du moins, il y avait davantage de policiers que de manifestants, mais dans les villes industrielles, des heurts ont opposés services sécuritaires et manifestants, notamment des ouvriers avec le slogan : “80% de la population tire la langue, alors que 20% des gens vivent bien et font comme si de rien n'était. À un jour des élections locales, Moubarak est sur une poudrière. La population égyptienne se plaint depuis plusieurs mois d'une forte augmentation des prix des produits de première nécessité. Au début de l'année, le président égyptien s'est vu contraint de confier la vente du pain dans les quartiers populaires au prix soutenu à l'armée ! Si Le Caire, la vitrine du pays, a été épargnée, les manifestants ont affronté la police et incendié des magasins et deux écoles à Mahalla el Koubra, dans le delta du Nil. Conduits par les ouvriers de l'industrie textile, les protestataires, qui réclamaient des hausses de salaires pour compenser la montée vertigineuse des prix de produits de première nécessité, ont détruit les vitrines de plusieurs magasins et mis le feu à des marchandises. Ils ont incendié une école primaire, une école professionnelle et une agence de voyages, notamment. Ils ont également érigé une barricade de pneus enflammés sur une voie ferrée, empêchant l'entrée d'un train en gare. Les policiers ont tiré des grenades lacrymogènes et des balles en caoutchouc pour disperser les manifestants qui s'étaient déployés dans le centre-ville. Les heurts ont fait une quarantaine de blessés. Les manifestants ont lancé des pierres sur les véhicules de police et arraché les affiches des candidats du parti au pouvoir. La police a interpellé, à travers le pays, plus de 200 personnes. L'opposition voulait faire de cette journée le point d'orgue d'une récente vague de grèves et de manifestations contre la vie chère, en mobilisant notamment les 20 000 employés de la société textile nationale Misr de Mahalla. Elle avait appelé à des manifestations dans les grandes villes comme Le Caire et Alexandrie mais le déploiement d'importantes forces de police ainsi que le mauvais temps ont en partie déjoué ses projets. Cependant, ce n'est que partie remise. D. B.