Résumé de la 102e partie n Alvirah avait promis à Nelly de lui téléphoner, une fois qu'elle verrait plus clair dans son histoire… Margaret avait déjà appelé tôt dans la matinée. «Tu ne devrais pas attendre plus longtemps pour quitter ton appartement. Je suis en train de faire repeindre la chambre du fond pour toi.» Et la cuisine, pensa Nelly. Je parie que c'est là que tu espères me cantonner le plus souvent. C'était sans espoir. Nelly but une gorgée de son excellent café et poussa un long soupir. Alvirah téléphona un instant plus tard. «Nous avons un plan, dit-elle. Je voudrais que vous alliez trouver Tim et Roxie et leur fassiez avouer qu'ils vous ont escroquée. — Pourquoi l'admettraient-ils ? — Débrouillez-vous pour les pousser à bout jusqu'à ce que l'un des deux se vante de vous avoir roulée. Croyez-vous en être capable ? — Oh, je peux faire sortir Roxie de ses gonds, répondit Nelly. Lorsqu'ils se sont mariés le mois dernier, j'ai déniché une photo de Tim à Jones Beach où il ressemble à une baleine échouée sur la plage et je l'ai fait encadrer à l'intention de Roxie. Je la lui ai postée avec la mention : «Félicitations et bon débarras.» Alvirah éclata de rire. «Bravo, Nelly. Vous êtes une femme comme je les aime. Voilà le plan que nous avons concocté, Willy et moi. Vous allez vous arranger pour prendre rendez-vous avec eux, et vous porterez une copie exacte de ma broche soleil. Mon éditeur m'en a fait fabriquer un double. — Alvirah, votre broche a beaucoup trop de valeur. — Elle a de la valeur à cause du micro qu'elle renferme. Vous le mettrez en marche dès votre arrivée, les forcerez à reconnaître qu'ils vous ont trompée, et ensuite nous irons trouver votre copain avocat, Dennis O'Shea, afin de déposer une plante auprès du tribunal des affaires matrimoniales pour privation d'une partie du capital familial.» Un faible espoir frémit dans l'ample poitrine de Nelly. «Alvirah, pensez-vous vraiment que j'aie une chance ? — C'est à peu près la seule», répondit Alvirah d'une voix calme. Nelly raccrocha et resta plongée dans ses réflexions pendant plusieurs minutes. Un souvenir lui revint en mémoire : deux ans auparavant, alors qu'elle était mourante, la mère de Tim lui avait demandé d'avouer la vérité : était-ce lui qui avait mis le feu au garage quand il avait huit ans ? Il l'avait toujours nié, mais ce jour-là, la voyant près de rendre son dernier soupir, il s'était effondré et confessé. Je sais comment je vais l'avoir, décida Nelly en décrochant le téléphone. Tim répondit. En entendant la voix de Nelly, il parut contrarié. «Ecoute, Nelly, nous sommes en train de faire nos bagages. Nous partons nous installer en Floride. Qu'est-ce que tu veux ?» Nelly croisa les doigts pour conjurer le sort. «Tim, j'ai une mauvaise nouvelle à t'apprendre. Je n'en ai plus que pour un mois.» C'est la pure vérité, pensa-t-elle. Concernant ma vie à Stuyvesant Town en tout cas. L'inquiétude perça dans la voix de Tim. «Nelly, c'est terrible. En es-tu certaine ? — Certaine. — Je prierai pour toi (à suivre...)