L'un des rites les plus répandus en Algérie pour la fête du printemps, est le jeu de la balle, appelé kora, en arabe et takurt, en berbère. La balle, confectionnée à l'occasion, est une pelote de laine ou de chiffons, que l'on recouvre de cuir. La compétition a lieu dans un pré où la balle est jetée ; les joueurs, divisés en deux groupes, tentent de la ramener chacun dans son camp, en utilisant des bâtons ou en la poussant avec les pieds. On se donne également des coups de pied, on se bouscule, on crie. Ceux qui ne participent pas, encouragent les joueurs à faire preuve de plus d'énergie. Le jeu peut durer très longtemps : en principe, il ne s'arrête que lorsque la balle, malmenée par les bâtons ou les pieds, éclate. Le jeu de la balle est également connu au Maroc, mais ici, dans certaines régions, le jeu est réservé aux tolba. Dans les régions où il est ouvert à tout le monde, les clercs jouent à part. Le jeu a une valeur purificatrice : par les coups donnés à la balle, on croit chasser les esprits malfaisants. C'est aussi un défoulement qui permet d'extérioriser l'énergie et les tensions accumulées. Le jeu de la balle est également pratiqué dans les rogations de la pluie. Ici, le jeu s'arrête dès que la balle éclate et si elle n'éclate pas, les joueurs la mettent aussitôt en pièces. Il s'agit, ici, de briser symboliquement la sécheresse et d'appeler la pluie.