L'arrivée de nouveaux dragons tels que l'Inde et la Chine dans le gotha des pays industrialisés n'est pas sans conséquences sur certains marchés internationaux qu'ils ont fortement déstabilisés. Le réveil de ces géants a entraîné une hausse vertigineuse des prix de certaines matières premières alimentaires et énergétiques provoquant une poussée inflationniste qui donne du fil à retordre aux gouvernements de tous les pays du monde. L'inflation est de plus en plus difficile à maîtriser, notamment pour les pays en développement. En Algérie, le surenchérissement de pratiquement tous les produits et biens de consommation est tel que l'impact des augmentations décidées par les pouvoirs publics en faveur des fonctionnaires en devient limité, voire sans aucune conséquence notable sur le pouvoir d'achat des ménages. Autant dire que l'Algérie qui importe une grande partie de ses besoins alimentaires subit de plein fouet l'envolée des matières premières sur les marchés internationaux et importe de ce fait l'inflation qui inquiète de plus en plus à travers le monde. Ce phénomène s'explique en partie par la demande grandissante des pays émergents dont les économies connaissent une forte croissance. Les travailleurs dans ces pays sont de mieux en mieux rémunérés et changent par conséquence leur modèle de consommation qui comprend entre autres des plats à base de céréales. Mais si la demande enregistre une hausse importante, il n'en est pas de même pour l'offre qui a stagné, sinon diminué pour certaines denrées à cause d'aléas climatiques ou d'un changement de stratégie des pays producteurs. Les gouvernements sont non seulement confrontés à l'inflation mais aussi au mécontentement des populations qui supportent de moins en moins l'érosion de leur pouvoir d'achat. Les tensions sont plus palpables dans les pays en développement où les ménages consacrent la majeure partie de leurs revenus à l'achat de nourriture ou de carburant nécessaire à leurs déplacements. La Banque mondiale (BM) a averti sur les répercussions de l'alourdissement de la facture des importations qui expose, signale-t-elle, au total 33 Etats à des troubles politiques et à des désordres sociaux. En Afrique, ce scénario catastrophe se déroule déjà dans plusieurs pays où des manifestations violentes, parfois meurtrières, ont éclaté contre la cherté de la vie. Les retombées risquent encore d'être plus dramatiques pour ce continent déjà éprouvé. Le président de la BM, Robert Zoellick, a appelé les pays industrialisés à un effort massif et concerté sans quoi « plus de gens vont souffrir et mourir de faim ». Un appel qui ne risque pas de trouver un écho favorable étant donné que ces pays font face au dilemme de la faiblesse du pouvoir d'achat des ménages auquel ils ne peuvent remédier en augmentant les salaires, de peur d'installer le spectre de la spirale inflationniste redoutée par les autorités monétaires. Selon de nombreux observateurs, les pays émergents se préoccupent davantage d'arriver à une croissance soutenable en perdant de vue la maîtrise de l'inflation. Il en est ainsi pour la Chine qui pourrait à terme envisager une hausse des coûts des produits de grande consommation exportés partout dans le globe. Le regain d'inflation des pays émergents viendrait alors contaminer l'ensemble de l'économie mondiale, aggravant encore la situation actuelle. Les produits chinois, dont les prix défient en général toute concurrence, pourraient être plus chers à l'avenir.