Précarité n Insécurité, atteintes au cadre de vie, occupation illégale des espaces publics, mal vie et organisation archaïque sont le lot quotidien des habitants de la cité. La nouvelle ville Plaine Ouest est située à quelques kilomètres de Annaba. Elle constitue l'exemple parfait de ces cités-dortoirs dont les initiateurs ont manqué de vision à long terme et qui concentrent «pauvreté et mal vivre», n'offrant aucune commodité digne de la ville. Ses habitants ont fini d'ailleurs par lui donner un nom bien évocateur : Bangladesh. L'universitaire Nadia kerdoud s'est penchée , dans une étude sociologique percutante, sur le cas de cette cité-dortoir de 9 438 logements où s'entasse une population de 44 370 habitants. Le début des travaux de sa construction remonte à 1978. A l'époque, des dizaines de familles ont élu domicile au lieu dit Oued Dheb, dans des habitations anarchiques. Elles sont venues des wilayas limitrophes ((El-Tarf, Jijel, Guelma, Tébessa, Souk Ahras), attirées par les opportunités qu'offrait à l'époque le marché du travail de l'Antique Hippone qui connaissait une industrialisation tous azimuts. Des intempéries survenues en 1981 ont contraint les autorités à les reloger dans 600 logements, déjà achevés dans la nouvelle ville de Plaine Ouest. Le relogement étant provisoire, parfois trois ou quatre familles ont été obligées de partager le même appartement. La même organisation sociale dans les douars d'origine des habitants a été transposée dans la nouvelle cité, désormais divisée en «aârouch». Des troubles ne tarderont pas à surgir entre les membres de ces «aârouch» et les populations d'origine citadine qui y ont été également relogées. «Causés par la rencontre de deux populations aux références culturelles antagoniques, ces troubles contribuèrent à construire l'image d'un quartier voué à l'insécurité», écrit l'universitaire dans son étude. Après les événements d'octobre, une grande partie des jeunes de la cité adhèrent à la mouvance islamiste. Aujourd'hui encore, la précarité subsiste et des appartements demeurent occupés par plusieurs ménages qui sont dépourvus, pour certains, du minimum de commodités. L'une des images les plus frappantes sur la précarité qui y prévaut est celle d'un coiffeur qui exerce son activité dans une cave, relève la sociologue. Les Annabis n'acceptent pas cet état de fait et tiennent pour responsables «une population étrangère à Annaba, ou les Baraniyas» dont le comportement est considéré comme «incompatible avec l'urbain et l'urbanité». Insécurité, atteintes au cadre de vie, occupation illégale des espaces publics, mal vie et organisation archaïque sont en effet, le lot quotidien des habitants de la cité qui a été pourtant «rationnellement planifiée» suivant les normes et standards urbanistiques. Le quartier porte bien son sobriquet, c'est le moins que l'on puisse dire.