La cadre de vie de la Coquette connaît une dégradation progressive, ni les habitants ni les autorités locales n'y accordent d'importance. La situation de l'hygiène laisse à désirer à Annaba. Le nouveau wali est le premier à le reconnaître. “J'ai visité douze communes de la wilaya sans chauffeur et sans protocole. J'étais surpris de constater que certaines cités de la ville de Annaba sont sales, moches et affreuses, notamment la nuit”, a-t-il lancé en direction des élus à l'occasion de sa première rencontre avec les représentants des populations. Ainsi, Annaba, qu'on a toujours qualifiée de ville coquette, a vu cet été son cadre se dégrader progressivement. Il s'agit d'un problème sérieux auquel ni les habitants ni les autorités locales, particulièrement l'APC de Annaba, n'accordent aucune considération. Mieux encore, même les quartiers “européens” d'autrefois, à l'image du cours de la Révolution, Saint-Cloud, le Magestic au niveau desquels l'entretien était de règle, semblent être à leur tour affectés par l'insalubrité. Le cours de la Révolution, la plus importante place de la ville, qui ne désemplit pas à longueur d'année, est, le soir venu, au main des mendiants, des malades mentaux et des sans-abris. Plus grave encore, cet espace “vital” pour les Annabis, qui fait d'ailleurs leur fierté, est pris d'assaut, la nuit, par des rats qui font fuir même les chats. A côté, la rue Gambetta, une des avenues les plus commerçantes, où les trottoirs sont carrément squattés en permanence par des vendeurs à la sauvette (vêtements, devises, bijoux…) et les propriétaires des magasins qui ne soignent pas leur devanture. Malgré les nombreuses “descentes” de la brigade économique et criminelle de la Sûreté de la wilaya sur les lieux, ponctuées de saisies, d'arrestations et de présentations en justice à l'encontre des contrevenants, la situation demeure toujours la même. Même constat sur les autres places publiques et squares du centre-ville. Les vendeurs de figues de barbaries et autres fruits, qui viennent s'installer avec des charrettes à bras, ne sont nullement dérangés et vont jusqu'à interdire les trottoirs aux passants, obligés de circuler au beau milieu de la chaussée. Une fois les lieux vidés, la circulation sur les trottoirs est rendue difficile par l'amas de déchets abandonnés par les vendeurs. Les espaces verts et jardins publics de Annaba font également l'objet d'une dégradation continue du fait, encore, des vendeurs qui occupent ces lieux. Ces espaces de détente sont souvent pris pour des dépôts d'ordures ménagères. La poissonnerie du marché couvert, située au sous-sol, est inondée par des eaux usées débordant d'un égout, qui semble irréparable puisqu'il a fait l'objet de maintes interventions de la part des services techniques de l'APC de Annaba. L'entrée de la poissonnerie est, du matin au soir, occupé par des vendeurs clandestins qui proposent aux passants un produit qui échappe à tout contrôle d'hygiène, au su et au vu de tout le monde. Du côté de la plaine Ouest, certaines citées dortoirs sont réduites à l'état d'écurie, à l'exemple de “Bangladesh”, devenue, à défaut d'un parc, tout simplement un jardin zoologique où les chiens côtoient les poules et autres animaux domestiques. A cela s'ajoutent les dépôts débordant d'ordures ménagères parfois durant plusieurs jours sans que personne se soucie de l'état des lieux. En attendant la grande toilette, dont elle a grandement besoin, la ville de Annaba, que certains nostalgiques continuent d'appeler “la Coquette”, offre aux habitants et aux visiteurs un paysage indigne de sa réputation. Badis B.