Hors-jeu n Les déclarations de Peter Van Walsum «le disqualifient automatiquement en sa qualité de médiateur», a estimé le président sahraoui. Mohamed Abdelaziz s'est dit étonné par ces déclarations en violation de la légalité internationale, alors qu'il s'agit d'un problème de décolonisation, selon les différentes résolutions du Conseil de sécurité. Ces déclarations constituent, selon lui, un chaos pour tous les efforts de l'ONU devant aboutir à une solution pacifique du conflit. «Le Front Polisario et le peuple sahraoui n'avaient pas renoncé dans le passé et ne renonceront pas à l'indépendance à moins que cela ne soit le résultat d'une consultation libre et démocratique à travers un référendum organisé sous l'égide de l'ONU», a affirmé le président sahraoui, hier, mardi, à la presse espagnole. «Walsum, au lieu d'encourager le dialogue et le respect du droit international, s'est limité à soutenir gratuitement la proposition marocaine dans son occupation illégale du Sahara occidental», a déploré Abdelaziz. Le Front Polisario réitère sa disponibilité à poursuivre le dialogue afin d'aboutir à une solution politique et pacifique du conflit sur la base du respect du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. «Toute autre solution devant exclure l'option de l'indépendance est catégoriquement rejetée et est vouée à l'échec», a précisé Abdelaziz. C'est la première fois q'un responsable d'une organisation internationale comme l'ONU présente l'idée de «réalisme» pour imposer au peuple sahraoui le fait accompli colonial marocain. «Nous nous sentons victimes d'une position injuste, provocatrice et intolérable de la part de Walsum qui doit se rappeler qu'il s'agit d'une question de décolonisation», a indiqué le président sahraoui. «Cette position a été accueillie avec déception chez les Sahraouis, ce qui créera un manque de confiance en la crédibilité de l'ONU», a-t-il conclu. L'envoyé personnel du Secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental, Peter Van Walsum, a, au cours de consultations à huis clos tenues lundi dernier, tenté vainement de convaincre les membres du Conseil de sécurité que l'autonomie était la seule base réaliste pour le règlement du conflit du Sahara occidental. En effet, deux pays seulement traditionnellement alliés du Maroc et qui ont publiquement soutenu son plan d'autonomie, ont exprimé leur appui à cette approche. Tous les autres pays ainsi que la présidence du conseil exercée par l'Afrique du Sud pendant ce mois d'avril, ont réaffirmé leur attachement à la légalité internationale et à l'égalité de traitement des deux propositions qui sont sur la table des négociations. «Position équilibrée» de la Grande-Bretagne l Le Royaume-Uni adopte «une position équilibrée» à l'égard de la question du Sahara occidental et de l'autodétermination ont indiqué, hier, mardi, des responsables sahraouis. Ces derniers ont qualifié de diversion les allégations de soutien et d'appui au plan marocain d'autonomie attribuées au représentant du Royaume-Uni à l'ONU, John Swears. Interrogé sur sa position vis-à vis des conclusions de l'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental, Peter Van Walsum qui a qualifié l'indépendance du Sahara occidental d'«irréaliste», le représentant du Royaume-Uni a répondu : «Je crois que la situation au Sahara occidental est difficile et sensible et qu'il y a un processus de négociations en cours qui s'étalera sur plusieurs mois.» «Nous estimons qu'il doit y avoir une reconnaissance, mais aussi qu'il faille faire quelque chose pour l'autodétermination», a ajouté le représentant britannique, précisant que les recommandations à soumettre au peuple du Sahara occidental «est une question laissée aux négociations en cours». A une question sur la teneur des déclarations de Van Walsum tendant à limiter les négociations à la proposition marocaine, Swears a affirmé que «Van Walsum veut aller de l'avant et de la meilleure manière et nous appuyons ses efforts, mais cela n'implique pas nécessairement que nous adhérons à ses jugements». Pour le représentant britannique, les négociations reposent sur les propositions marocaines et sahraouies. «Nous croyons que les négociations reposent sur une base pour aller de l'avant avec ce processus», a-t-il dit, rappelant que la partie marocaine a formulé une proposition et qu'une autre proposition du côté du Polisario est depuis longtemps soumise à la négociation. Espagne Exploitation illégale des ressources sahraouies l Plusieurs centaines de personnes ont manifesté dernièrement à Huelva au sud de l'Espagne pour demander à deux entreprises espagnoles, la FMC Foret et Ership, de «suspendre immédiatement leurs activités d'acquisition du phosphate du Sahara occidental occupé», a indiqué, hier, mardi, une source sahraouie. La manifestation a été organisée à l'appel de la Fédération andalouse des associations solidaires avec le Sahara occidental (Fandas), la Fédération provinciale de Huelva des associations de soutien au peuple sahraoui et de l'Observatoire des ressources naturelles du Sahara occidental (WSRW, en anglais). Les organisateurs de cette marche ont dénoncé la FMC Foret qui, avec la collaboration de la compagnie maritime Ership, procède à l'importation illégale du phosphate de plus de 500 000 tonnes /an depuis 1980. Le Sahara occidental «est un pays occupé illégalement par le Maroc et déclaré par les Nations unies comme territoire non autonome dans l'attente d'une décolonisation», soulignent-ils, en rappelant que l'acquisition de ressources naturelles d'un territoire non autonome est illégale du point de vue international. «Avec l'exploitation et le transport du phosphate sahraoui, ces deux entreprises sont en train d'envoyer un message clair de soutien à l'occupation marocaine, perpétuer et approfondir la domination coloniale du territoire ainsi que la souffrance de la population sahraouie, en faisant obstacle au règlement de ce conflit», ajoute le communiqué.