Scène n La pièce écrite et mise en scène par Djamel Bensaber, a été présentée, samedi, au théâtre national. Jouée par les comédiens de la coopérative El-Kanki de Mostaganem, la pièce met en scène un peintre qui, dans un parc public, travail à la réalisation d'un tableau. Il se trouve qu'au terme de sa création, l'artiste éprouve un sentiment d'insatisfaction. Il déchire la peinture et en recommence une autre ; et à chaque recommencement, le même sentiment de frustration l'envahit. La pièce, qui décrit une psychologie et un état de caractère, est aussi l'histoire d'une rencontre avec le gardien du parc qui, par la force des choses, devient son premier spectateur, son premier critique, mais aussi son premier confident, puis avec d'autres qui l'accompagnent dans son parcours initiatique. Car la pièce est aussi une quête de soi et à travers sa personne, sa présence et son histoire, et également à travers l'autre, son semblable qui, en même temps, s'avère son reflet. Le jeu – ou le cours des faits – se déroule dans une scénographie qui, à l'évidence, nous fait rappeler le lieu de la représentation, c'est-à-dire le parc public. Mais ce décor cache mal un moment d'isolement, un sentiment de solitude. S'exprimant sur la pièce, le metteur en scène, Djamel Bensaber, a expliqué : «Erihla n'est pas un voyage ordinaire, c'est-à-dire dans le sens littéral du terme ; ce n'est pas un voyage dans un espace physique, mais mental et psychologique. Il s'agit d'un voyage dans l'intériorité du protagoniste.» Il a, en outre, indiqué que «la pièce, qui raconte un moment de création, est une recherche constante de soi, de l'authenticité ; c'est aussi une quête permanente de liberté et d'amour et de l'art dans lequel il exerce.» Djamel Bensaber a, en outre, déclaré : «Cette pièce fait partie d'une trilogie que j'ai entamée (deux autres pièces suivront incessamment)», ajoutant : «A l'origine, le texte a été écrit en français, puis traduit en langue arabe classique. Il a été, ensuite, donné à un poète pour le mettre en vers.» Ainsi, la pièce dite en langue arabe classique revêt une dimension poétique. S'exprimant sur ce choix, celui d'intégrer la poésie dans la pratique théâtrale, Djamel Bensaber a expliqué : «On a longtemps mis à l'écart la poésie, alors que le théâtre est, à l'origine, poétique.» Et de préciser : «La poétique n'est seulement pas dans le texte. On la retrouve dans l'interprétation, le jeu scénique et aussi dans la scénographie. On la retrouve également dans le jeu de lumière ou encore dans les effets sonores.» Le metteur en scène travaille alors à restituer la poésie sur scène comme il s'emploie à mettre à l'œuvre d'autres formes d'expression théâtrale. «J'ai introduit dans le spectacle des danses et des chants de manière à les intégrer et à les adapter à la dramaturgie que présente la scène», a-t-il expliqué. Et de poursuivre : «J'ai voulu, par ce spectacle, mettre en forme dans un même espace ces différentes formes artistiques dans une recherche théâtrale d'avenir.» Ainsi, Djamel Bensaber s'attelle à explorer un autre type d'expression théâtrale, plus allègre et plus aéré, et cela de manière à renouveler la pratique théâtrale et lui inspirer un souffle nouveau.