Représentation n La générale de Koul ouhad oua hkamou (A chacun son jugement) de la coopérative El-Kanki de Mostaganem a été donnée, hier mercredi, au Théâtre national. Mise en scène par Djamel Bensabar, la pièce, dont le texte est de Ould Abbderrahmane Kaki, raconte l'histoire de Djouhar, une jeune fille qui s'éprend de Saadi, son voisin, mais que la volonté paternelle vouera à être la quatrième épouse du vieux et riche hadj Djabour. Ne supportant pas l'idée d'un tel sacrifice, elle préférera se faire noyer, le jour de son mariage, dans les eaux de El Guelta où il est de tradition que les jeunes mariées se baignent le jour de leurs noces. La pièce a révélé, tout au long de la représentation, des points forts comme des imperfections. S'agissant de l'aspect positif, le texte est, au plan de la composition, beau, voire poétique. C'est un texte rimé proche de la poésie populaire. C'est aussi un texte imagé, coloré et savoureux. Il est à souligner qu'il s'agit d'un conte qui exprime l'imaginaire collectif populaire. Ici, Djamel Bensabar, loin d'avoir la prétention de conférer à la pièce une portée intellectuelle, met en espace des traditions, des légendes et des croyances en vue de faire découvrir au public le patrimoine populaire et le lui réapprendre. C'est de lui permettre de se réapproprier ses repères esthétiques, culturels et historiques. Ainsi, le metteur en scène s'emploie dans un registre qui, aujourd'hui, est délaissé. Il a ressuscité sur scène un patrimoine, une culture, l'imaginaire populaire. Par ailleurs, la pièce ne se limite pas à une seule forme d'expression, celle qui relève du théâtre. Le jeu est diversifié. Il compte l'ensemble des arts, à savoir chant, musique et danse. Cela revient à dire que la pièce se situe à la frontière de ce qui est appelé «comédie musicale». Djamel Bensabar a voulu, à travers cette pièce, une adaptation, proposer un spectacle, se permettant ainsi une certaine démarche artistique qui, pour certaines critiques, s'avère hasardeuse tant la technique est loin d'être maîtrisée . Même si l'exigence de la critique a sévèrement jugé une telle conception, il se trouve que le metteur en scène s'est néanmoins aventuré dans une entreprise, celle d'une réflexion théâtrale. Il a tenté une expérience mais qui reste néophyte. Sur ce, le metteur en scène se défend : «La comédie musicale n'est pas unique, elle est variée.» Cela revient d'emblée à dire qu'il y a plusieurs façons de faire une comédie musicale. La pièce s'est distinguée, d'autre part, par un aspect marquant : la lumière. Celle-ci signifie l'espace et lui confère toute sa matérialité. Chaque faisceau de lumière projeté sur la scène crée une situation et laisse entrevoir une belle et forte dramaturgie. Toutefois, et par moments, le régisseur manquait à coordonner le jeu de lumière à celui des comédiens, ce qui a causé quelque décalage. Cet incident technique a lourdement affecté le déroulement de la pièce et lui a ôté sa substance théâtrale. Il a diminué de son intensité scénique.