Pour un plat unique de haricots aux oignons dans lequel chacun picore avec un peu de pain, Shamsuddin doit débourser une journée de salaire pour nourrir sa femme et leurs trois enfants. L'Afghanistan, déjà en proie à une terrible guerre, est l'un des pays les plus affectés par la crise alimentaire. «Pour notre prochain repas, je n'ai plus d'argent», se lamente cet homme qui gagne seulement 100 afghani (1,25 euro) par jour en livrant des légumes au moyen d'une brouette dans ce camp de personnes déplacées de la banlieue de Kaboul, où il vit sous une tente. Comme des millions d'autres Afghans, il tente de survivre dans ce pays ravagé par près de 30 ans de guerre puis de guerre civile, l'un des plus pauvres au monde, où le chômage touche plus de 40% de la population active et où la moitié des familles vit en dessous du seuil de pauvreté selon les critères de l'ONU. En trois ans, les prix des denrées alimentaires ont presque doublé, selon la Banque mondiale. L'inflation a atteint un record de 22% en un mois en février, 30% pour les seuls produits alimentaires. Il y a six mois, le même repas, qu'il agrémente parfois d'une tranche de concombre par personne, aurait coûté deux fois moins cher à sa famille, assure père de famille.