Crise alimentaire oblige, de plus en plus de Dakarois déjeunent d'une portion de haricots ou de pain aux spaghetti, au lieu du traditionnel riz au poisson, plat national du Sénégal, et certains se privent désormais de dîner ou de petit-déjeuner. «Quand je n'ai pas de riz brisé, ma famille mange du niébé (petit haricot local), du sankhal (résidu de farine de mil) ou du macaroni au déjeuner», témoigne un sénégalais. Au petit-déjeuner, dit-il, j'ai remplacé le pain par des biscuits moins chers, et le lait par du café-Touba», un café mélangé à une épice locale, tirant son nom de la ville de Touba. Depuis que les cours mondiaux du riz flambent, les cuisinières se désolent de ne plus trouver à Dakar le riz brisé parfumé, importé de Thaïlande, qu'elles préfèrent pour accompagner le poisson. Des sacs de riz entier, plus chers, restent disponibles mais sont souvent délaissés. La crise a modifié aussi les horaires des repas. Un ouvrier dit «prendre maintenant le petit-déjeuner vers midi», pour se contenter de deux repas quotidiens. Les femmes qui vendent de la bouillie de mil dans les rues, sont aussi réputées faire de meilleures affaires. Elles proposent du couscous, produit à base de céréales ou de cacahuètes.