Image n Authentique joyau, Boussaâda, ostentatoire et orgueilleuse, étale fièrement sa beauté au pied du mont Kerdada qui s'élève vers le ciel comme pour mieux la protéger, veiller sur sa tranquillité légendaire et enfermer délicatement en son écrin cette perle qui a envoûté tant de visiteurs et inspiré tant d'artistes. Une sensation de bien-être et de sérénité envahit immanquablement le touriste qui découvre la ville. La voie qui y mène est faite de collines, de dunes et de monticules de sable bordés de saules où se mêlent les senteurs d'une végétation locale typique faite de chiendent, d'armoise et de genévriers. Le cachet architectural de la ville où l'authenticité le dispute à l'originalité est frappant. Des maisons en terre et en bois se dressent dans les ruelles couleur sable, autant de demeures séculaires qui s'accrochent et luttent vaillamment contre les aléas du temps. C'est que l'attachement des habitants au patrimoine a concouru à la renommée de cette contrée d'Algérie, devenue une destination touristique prisée. La région continue ainsi d'exhiber non sans fierté son burnous, sa gandoura, ses bijoux en argent, ses ustensiles en cuivre et ses poteries. Boussaâda a opté pour la continuité en demeurant attachée à un passé qui se prolonge dans le présent pour mieux éclairer l'avenir. La place du marché, cœur de la ville, est parsemée d'échoppes habillées de tapis aux mille et une couleurs et formes, véritables chefs-d'œuvre tissés à l'ancienne. Tisseuse de tapis depuis 60 ans, Khalti Fatma symbolise, à elle seule, la pérennité de ce métier que pratiquent encore beaucoup de femmes boussaâdies. Avec amour et un sens de la perfection, le burnous fait également partie intégrante de ce patrimoine. Tissé lui aussi, à la main, il garnit de nombreux magasins de la place du marché et a encore de beaux jours devant lui, comme le confirme Hadj Maâmar, tisserand. Le métier se transmet de père en fils et tout est fait pour assurer cette transmission, à commencer par cette fête du burnous que l'on célèbre encore chaque année. A l'étranger, Boussaâda jouit d'une grande réputation au regard de la beauté exceptionnelle de ses sites, à l'image de ces palmeraies qui longent les rives du fleuve où s'entremêlent chênes, grenadiers, néfliers, caroubiers et amandiers, source éternelle d'inspiration pour écrivains et artistes. Ces lieux enchanteurs ont été, en effet, le théâtre de dizaines de films étrangers tels Samson et Dalila, tourné en 1948, et Le vendeur d'esclaves de l'Italien Anthony Dawson. Des films algériens y ont, eux aussi, trouvé un cadre propice comme Les vacances de l'inspecteur Tahar de Moussa Haddad ou Chronique des années de braise de Mohamed Lakhdar Hamina ou encore Le clandestin de Benamar Bakhti. La visite aura certainement un goût d'inachevé sans une virée au moulin Ferrero, qui attire touristes et curieux. Un bruit assourdissant d'eau renseigne sur la présence, toute proche, de cascades impressionnantes qui, autrefois, alimentaient en énergie le moulin. La maison Ferrero, aujourd'hui en ruines, se dresse sur ses piliers robustes plongés dans l'eau du fleuve aux berges luxuriantes…