Exploit Il a connu un succès immédiat et sa musique a envoûté nombre de mélomanes. Abdelaziz Abdellah, plus connu à Béchar sous le nom de Alla, est devenu, avec le temps, le maître incontesté du «fondou», un mélange de musiques africaine et arabe jouées avec le luth (?oud). Cette musique, qui est, certes, la propre création de l?artiste, a des origines dans le folklore musical de la région de Béchar. Selon diverses sources, le «fondou» est une référence au surnom «fond deux» donné aux mineurs des houillères tristement célèbres de Kenadza qui jouaient cette musique pour exprimer la tristesse, la mal vie et les espoirs de ces «gueules noires» du désert durant les années de l'occupation du pays, de 1830 à 1962. Cependant, Alla a su donner une nouvelle touche à ce genre et, avec son instrument, il a pu mettre au point un nouveau style, le sien. A ses débuts, Alla, armé de son ?oud, a surtout animé des fêtes (mariages, circoncisions...) à Béchar où sa musique drainait une foule de mélomanes et sera, par la suite, dès le début des années 70, colportée un peu partout dans les régions du Sud. Dès l?année 1992, un éditeur de Béchar, Abdelkader Tiouti, amoureux de cette musique, en fera l?indicatif officiel de la radio locale Saoura. C?est ce même Tiouti qui s?est aventuré en lançant sur le marché local, puis national, la première cassette de Alla. Le succès fut immédiat. De jolis morceaux de ?oud de Alla furent diffusés en guise d?intermède sur la chaîne de télévision nationale, ce qui a contribué énormément au succès de l?artiste. D?autres extraits musicaux seront utilisés par de nombreux réalisateurs pour le générique de leurs productions ; c?est dire tout le succès de l?artiste et de sa musique, laquelle, de ses origines simples, a été profondément modifiée et modernisée grâce au respect des différentes «maqamate» de la musique arabe et de la musique traditionnelle et folklorique. C?est ce qui a permis à Alla de mettre au point son propre style qui charme les mélomanes. Cette musique, qui ne fait appel que très rarement à un instrument de percussion, est très complexe pour les amateurs qui veulent reprendre les morceaux, car seul le maître peut jouer ses créations, d?où la nécessité de sa préservation par l?apprentissage. Beaucoup de musiciens espèrent qu?avec la réalisation du conservatoire de Kenadza, la musique de la région pourra être sauvée. Vivant actuellement à Paris, Alla donne souvent des concerts dans les villes européennes. Il est considéré par les connaisseurs de musique arabe comme un des maîtres incontestés du ?oud. A Béchar, les albums, tels que Taghit, Zahra et bien d?autres encore figurent à au hit-parade des ventes des disquaires, car à Béchar, tous les foyers possèdent au moins une cassette ou un compact-disc de cet artiste dont la musique est devenue un véritable hymne de la région du sud-ouest du pays et ce, malgré les assauts du rai et d'autres genres musicaux que les Bécharis aiment écouter.