Alerte n Depuis plusieurs années, le phénomène de la corruption dans le milieu du football algérien s'est répandu de manière insidieuse avant de déborder pour devenir une véritable épidémie. Un danger qui menace sérieusement ses fondements en poursuivant ses ravages à tous les niveaux. L'ex-ministre de la Jeunesse et des Sports, le Pr Yahia Guidoum, n'avait pas hésité, il y a deux ans, du haut du perchoir de l'Assemblée populaire nationale (APN), à dénoncer ce qui se passe dans le football et d'ouvrir plus particulièrement le feu sur certains présidents de club qu'il avait qualifiés alors de mafia du football. Cette sortie de Guidoum, avec son franc-parler qui ne fait pas dans la chirurgie fine, avait fait du bruit à l'époque et amené certains acteurs du football à s'attaquer au ministre de tutelle en tentant même de lui coller un procès. Pas plus tard que la semaine dernière, son successeur El-Hachemi Djiar n'y est pas allé par quatre chemins en déclarant ouvertement à la presse que la corruption faisait, malheureusement, partie du décor de la balle ronde algérienne et qu'elle le rongeait sérieusement. Guidoum est parti sans pouvoir s'attaquer à ce fléau, Djiar sera-t-il capable de faire bouger les choses lorsque l'on sait que la volonté a toujours manqué aux responsables des instances gérant le football ? De l'avis de tous (acteurs, presse, opinion publique), ces responsables ont souvent manqué de courage et de volonté pour aller au bout des multiples dossiers qu'ils ont eus entre les mains et de tenter de combattre de manière efficace et radicale ce mal. Que d'affaires, que de détails troublants, de dénonciations et autres révélations sont restés sans lendemain. Sans les citer une par une, avouons que les instances du football sont incapables de s'attaquer seules à ces affaires scabreuses et à un fléau dont la société elle-même souffre à tous les niveaux, comme en témoigne la 99e place (sur 180) qu'occupe notre pays dans le classement de la corruption qu'établit annuellement Transparency International. Avouons aussi que les instances du football subissent constamment des pressions et des influences venues «d'en haut» ou impliquant, sans peur de le dire, de hauts responsables pour changer le cours de certains événements footballistiques. On a comme l'impression que la situation est tellement enchevêtrée et que chacun tient l'autre par la main qui lui fait mal que personne n'ose dénoncer quoi que ce soit. On reste seulement aux déclarations fracassantes et aux insinuations sans lendemain, ce qui pollue encore plus l'atmosphère et jette davantage de discrédit et de suspicion sur tout ce qui est ballon rond. Ce qui n'est pas le cas sous d'autres cieux où, au nom du droit de savoir et de juger les coupables, des clubs mythiques comme la Juventus, l'AC Milan et l'Olympique de Marseille ont payé le prix fort de leurs dérives. Il est clair qu'on ne peut pas exclure le football des autres secteurs ou segments qui composent une société où l'affairisme, le trabendisme et la corruption sont bien présents et que, pour les contrer, il faut d'abord avoir cette volonté de mettre les grands moyens et de moraliser les affaires pour espérer un début de sortie de crise.