Témoignages n Le musée d'art moderne abrite en ce moment, et ce jusqu'à la fin du mois, une belle exposition sur le combat du peuple algérien pour sa liberté. Cette exposition, qui a pour thème «les artistes internationaux et la révolution algérienne», regroupe une centaine de tableaux mettant en scène les moments et les référents de la guerre de libération nationale. Ces tableaux (peintures, dessins, gravures) sont réalisés par des artistes internationaux, notamment par des peintres français qui, particulièrement sensibles à l'époque aux souffrances et aux malheurs du peuple algérien durant la colonisation, ont tenu à représenter l'autre visage de l'Algérie, celui d'une Algérie privée de sa citoyenneté, de sa liberté, de sa dignité. Ce n'est plus donc une Algérie pittoresque et merveilleuse, aux personnages curieux et amusants, et aux décors, aussi bien naturels qu'urbains, savoureux et colorés. Ainsi, l'exposition tient à ruiner «le mythe visuel d'Alger» cultivé et véhiculé par les prétentions et les outrances de la peinture orientaliste, peinture privilégiant le goût pour le beau, le sublime et le sensuel. Des artistes comme Mireille Miailhe, Boris Taslitzky, Gasquet, Jean de Maisonseul, Fougeron, Gérard Gosselin, Rancillac, Crémonini, Jouffroy, Reverelli, André Masson et bien d'autres encore, ont fait preuve d'un engagement artistique pour soutenir, à l'époque, la cause algérienne, et pour dénoncer les atrocités et les abus commis par l'armée coloniale. Ces tableaux demeurent, aujourd'hui, un témoignage vivant du combat du peuple algérien pour sa liberté et sa citoyenneté, donc pour sa dignité, comme ils témoignent de la solidarité de ces artistes avec le peuple algérien en lutte pour son indépendance. Cet élan de solidarité avec le peuple algérien est concentré autour des années 1950 et s'étalera jusqu'à l'indépendance. Certains artistes continuent encore d'évoquer la révolution algérienne même après l'indépendance de l'Algérie. Parmi les œuvres les plus marquantes, on peut citer le portrait au fusain de la moudjahida Djamila Boupacha, signé de la main de Picasso en 1961. Ce tableau illustre manifestement l'engagement de Picasso aux côtés de la révolution algérienne. Des dessins au fusain sur papier – réalisés par Mireille Miailhe en 1952 – montre l'indigence des paysans algériens, des enfants pieds nus, non scolarisés, ou travaillant aux champs, ou malades et sans soins médicaux. D'autres dessins au fusain sur papier – réalisés par Boris Taslitzky dans les années 1950 – décrivent la situation sociale du peuple algérien, et ce, à travers des représentations comme «Bidonville d'Alger». Gérard Gosselin rend compte des massacres de Sakiat Sidi Youcef, et cela à travers un tableau ayant pour titre Sakiat. De même pour Fougeron qui a consacré plusieurs tableaux – Les Orphelins ou encore Sakiat Sidi Youcef – à cette tragédie, un épisode de la guerre de libération nationale. Cette exposition permet de voir et de redécouvrir des œuvres chargées d'histoire et qui sont le symbole de la permanence de l'engagement des artistes internationaux aux côtés du peuple algérien.