Carence n L'ampleur du déficit ne justifie pas la livraison de logements bâclés, selon les spécialistes qui déplorent le fait que la quantité d'unités à construire prime souvent sur la qualité. «Notre pays a toujours été un laboratoire d'essais sans résultats probants», estime Abdelhamid Boudaoud, président du Collège national des architectes (CNA). En effet, la qualité du logement réalisé a toujours fait l'objet de critiques liées à l'absence de spécificités locales dans les plans architecturaux, à la mauvaise prise en charge des parties communes, des espaces extérieurs, rarement des constructions semi-collectives et individuelles… Sur ce dernier point, le directeur des programmes d'habitat et de promotion immobilière auprès du ministère, Mohamed Boukhari, a regretté le fait que seulement 3 wilayas aient fait des améliorations sensibles dans ce domaine. La qualité du bâti est étroitement liée à la qualité du cadre de vie. Un critère que nous avons du mal à retrouver dans les constructions réalisées jusque-là. Les logements livrés sont souvent dans un état lamentable, déplorent de nombreux bénéficiaires. Certains se trouvent dans un désarroi total, ce sont des logements en chantier qui leur ont été livrés, contrairement à ce qui avait été initialement établi dans le cahier des charges. Ils étaient contraints de débourser des sommes faramineuses pour refaire parfois toutes les installations, en l'occurrence les raccordements en eau potable, en gaz, les assainissements… bref, tout. En somme, pour certains responsables, le besoin urgent ne rime pas avec la promotion des normes esthétiques, ce qui explique en partie la dégradation spectaculaire de nos villes. A tous ces désagréments viennent s'ajouter les délais de livraison qui demeurent peu respectés. Ils sont si longs que le doute gagne les plus optimistes. Ce retard est dû généralement au manque d'approvisionnement en matériaux de construction, occasionné notamment par la flambée des prix de certains matériaux, à l'image du ciment, du rond à béton et du bois. Ce phénomène qui a contraint de nombreuses entreprises à arrêter le travail du chantier constitue un facteur de surcoûts dans les programmes d'habitat. «En l'absence de coordination et de concertation entre les différents intervenants, en particulier le maître d'ouvrage et l'entreprise, il est normal que le marché des matériaux de construction soit toujours confronté au problème d'approvisionnement», Selon M. Boudaoud qui déplore l'indifférence des autorités par rapport aux recommandations faites par les experts lors des différents séminaires organisés dans ce sens. «Il est, de ce fait, urgent de surmonter cet écueil en donnant une plus grande audience aux recommandations techniques et en établissant des passerelles entre le monde de la théorie et celui de la pratique», dit-il. Autre déficience signalée par les spécialistes, ce manque d'entreprises qualifiées qui continue à paralyser de nombreux chantiers. Voir demain notre dossier «Aide de l'Etat au logement : des formules et des espoirs»