«Un nouveau tremblement de terre et les conséquences seront plus dramatiques que celles du séisme de Boumerdès.» La sonnette d'alarme est tirée une nouvelle fois par les architectes à propos de l'état du vieux bâti et des travaux de réfection qui ont été faits. «Un nouveau tremblement de terre, et les conséquences seront encore plus dramatiques que celles du séisme de Boumerdès», craint Abdelhamid Boudaoud, président du Collège national des architectes, intervenu ce matin sur les ondes de la Chaîne III. Les travaux de confortement des immeubles et autres bâtisses après le tremblement de terre de Boumerdès «n'ont pas été faits dans les règles de l'art», estime-t-il. «Malgré le travail énorme effectué par le CTC, les travaux opérés par les entreprises n'ont pas été réalisés conformément aux normes et comme le veut l'homme de l'art.» Et cela, explique-t-il, est dû essentiellement à l'absence sur le terrain, des hommes de l'art ainsi que du suivi et du contrôle des entreprises réalisatrices. Par ailleurs, M. Boudaoud précise qu'actuellement en Algérie «il n'y a pas d'entreprises capables de répondre à ces travaux», c'est pourquoi «il faut faire appel à des entreprises yougoslaves, grecques ou italiennes qui ont une grande expérience dans le domaine». Le président du Collège national des architectes qui déplore le manque de formation des ingénieurs algériens dans le vieux bâti, fait savoir qu'entretenir un vieux bâti revient plus cher que de construire. «Parce qu'il faut expertiser, faire un diagnostic profond du bâtiment, lui donner une fiche technique et aussi une estimation» et tout cela avant d'entamer les travaux. «Dernièrement, les pouvoirs publics ont attribué 750 000 DA par logement, ce qui veut dire que pour 10 logements par bâtiment ce sont 750 millions de centimes à 1 milliard et souvent on a dépassé le milliard de centimes par bâtiment.» Le vieux bâti constitue une part très importante dans le parc immobilier algérien. Il est estimé, selon Abdelhamid Boudaoud, à 3,5 millions d'édifices. «A Alger seulement et jusqu'en 2003, tout le parc immobilier n'a pas été entretenu. La vétusté touche entre 70 et 80% du parc de la wilaya», constate l'intervenant. Et pour lutter contre ce fléau, l'intervenant préconise l'ouverture d'un «livre de santé» du parc immobilier. «Il y a 1 548 communes sur le territoire national, si chaque commune recense sa population, son patrimoine immobilier et le classe en lui ouvrant un livre de santé pour voir si on peut le réhabiliter, le rénover et le restructurer tout en conjuguant les efforts avec les 53 Opgi, pour préparer une stratégie», le problème du vieux bâti pourra être réglé.