Ce phénomène retarde la livraison des logements et constitue un facteur de surcoûts dans les programmes de l'habitat. “Entre l'administration, les maîtres d'ouvrage, les maîtres d'œuvre et les entreprises, le dialogue n'est pas la grande vertu aujourd'hui. À titre indicatif, l'administration devait élaborer un protocole avec les entreprises en matière de formation, qualification et classification de différents corps de métier. Il n'en est rien sur le terrain.” C'est ce qu'a soulevé récemment le président du Collège national des experts architectes (Cnea) au cours d'une intervention. Il était question d'élaborer un programme de prévision concernant la gestion des matériaux. Sur le terrain, relève Abdelhamid Boudaoud, le marché des matériaux de construction est toujours confronté à d'innombrables ruptures en matière d'approvisionnement des différents chantiers notamment pour le sable. Il est, en outre, plus aisé de constater une absence totale de coordination et de concertation entre les différents intervenants, en l'occurrence le maître d'ouvrage, le maître d'œuvre et l'entreprise. Pour cela, il est impératif d'impliquer les ministères et les institutions concernés tels que l'Habitat, la Justice et l'Intérieur pour le respect de la réglementation et des normes. Sans toutefois oublier le département de la Culture pour le rôle important que cette institution peut jouer dans la défense du patrimoine. Pis, l'apport des universités et des instituts spécialisés demeure en deçà des ambitions. La soixantaine de colloques et de séminaires organisés jusque-là sont restés au stade des recommandations. “Il est de ce fait, urgent de surmonter cet écueil en donnant une plus grande audience aux recommandations techniques et en établissant des passerelles entre le monde de la théorie et celui de la pratique”, avouera le président du Cnea. Le pays dispose à l'heure actuelle de 960 centres de formation professionnelle (CFPA) repartis sur tout le territoire national. Si l'on prend compte d'une capacité moyenne de formation de 500 techniciens pour chacun de ces établissements, supposera-t-il, on atteindra une offre en ressources humaines estimée à 480 000 techniciens toutes tranches confondues. Ainsi, l'offre de ces centres de formation sera de plus en plus importante. Ces effectifs contribueront également d'une manière active dans le vaste projet de réalisation d'un million de logements, décidé par le premier magistrat du pays et approuvé par le gouvernement. En effet, chacune des 1 541 communes du pays pourra ainsi être dotée de 312 techniciens. Un taux de formation non négligeable voire appréciable. Cependant, il est attendu des communes de définir clairement les quantités et les spécialités dont elle doit disposer en coordination avec les instances de formation. Ce qui permettra de réguler convenablement le marché de la main-d'œuvre spécialisée dans le pays. Mieux, avec un tel rythme, il sera même possible de penser à exporter notre main-d'œuvre spécialisée vers l'étranger. “L'objet du débat de l'urbanisme est de tirer la sonnette d'alarme. Et de faire en sorte que le plan de consolidation croissance — véritable laboratoire — ne débouche pas sur d'autres catastrophes. L'enjeu est de sonder les potentialités réelles du pays et de ne pas se précipiter pour désigner des boucs émissaires”, conclura M. Boudaoud. Les recommandations de ce dernier indiquent que tout le monde est impliqué dans ce projet d'envergure, lié au développement de l'habitat et de l'urbanisme. L'école de l'architecture Epau doit être ainsi, partie prenante dans la maîtrise de l'ouvrage, la maîtrise de l'œuvre. La technologie doit être perçue comme il se doit par les entreprises et la maîtrise de l'usage par le citoyen. Le Cnea recommande une confiance entre le maître d'ouvrage et le maître d'œuvre. Par ailleurs, l'école, suggère le collège, doit s'ouvrir sur le milieu industriel en favorisant les échanges entre l'école et les entreprises pour le placement des stagiaires. En revanche, ceux qui travaillent dans le milieu industriel doivent avoir un regard sur la formation dans le cadre d'un partenariat école et milieu industriel. Badreddine K.