Résumé de la 1re partie n Constantin Tischendorf, après ses études, se perfectionne dans la recherche de la forme originelle du Nouveau Testament. Tischendorf se dit alors que, logiquement, les plus anciens textes bibliques sont originaires du Proche-Orient. Autrefois, on trouvait dans ces régions de nombreux centres d'études, des bibliothèques prestigieuses, des académies, des évêchés. Tout cela a été détruit et dispersé au moment du déferlement de l'islam. Mais il reste des monastères plus ou moins en ruines, entre l'Egypte et la Palestine. Ceux-ci doivent receler des trésors insoupçonnés. Pas de doute, il faut qu'il aille voir sur place ce qu'il en est. En 1844, notre érudit s'embarque de Livourne, financé par le ministère des Cultes de Saxe, afin de se rendre dans la région du mont Sinaï. Là-bas, il existe depuis quatorze siècles un monastère copte. Pourquoi ce couvent n'a-t-il pas été détruit, comme les autres, au moment de l'invasion musulmane ? Tout simplement par une astuce du père abbé. Il connaissait son Coran sur le bout des doigts, et il avait ordonné précipitamment la construction d'une mosquée dans l'enceinte même du cloître. Quand les musulmans arrivèrent, ils virent le croissant de Mohammed en haut du minaret et ils épargnèrent l'ensemble. Les moines avaient caché leurs trésors sous la protection du croissant de lune du prophète... Quand Tischendorf débarque au Caire, en cette année 1844, il s'informe de l'existence de certains couvents. Il forme une caravane de chameaux, engage chameliers, guides, interprètes, et se dirige vers le désert de Libye, où de nombreux monastères ont existé. Mais il ne trouve que des ruines, et parfois des fragments de documents qui ont échappé aux ravages des siècles. Malheureusement, Tischendorf ignore l'arabe. Inutile de dire que ce voyage n'est pas de tout repos : tempêtes de sable, Bédouins pillards, Arabes irrités par ce roumi qui pose trop de questions. Et même les moines chrétiens, quand il en retrouve, se montrent bien peu coopératifs. Ils ne savent rien des trésors qu'ils pourraient détenir. Voici notre savant explorateur au bord de la mer Morte. Là aussi, il trouve un couvent : une église antique, de beaux jardins, une bibliothèque bien tenue, mais qui ne contient rien d'intéressant pour la recherche de Constantin. «Il y a bien dans la tour un dépôt de documents, mais il ne contient absolument rien qui puisse vous servir et, de toute manière... nous avons égaré la clef.» Tischendorf ne se décide pas à quitter ce couvent de Mar Saba. Enfin, après des palabres sans fin, la clef de la tour réapparaît. Il ne reste plus qu'à faire l'inventaire de ces écrits : du grec, du russe, du syrien, de l'éthiopien, de l'arabe, le tout datant des Xe et XIe siècles. Il y a aussi un évangile grec du VIIle siècle. «Et là, dans ce tas de détritus, rien d'intéressant ? — Regardez si vous voulez, mais tout ça est destiné à être détruit.» Tischendorf fait donc les poubelles du couvent. Et trouve des choses... «Me permettez-vous d'emporter ces fragments ? Puisque vous alliez les détruire... — Hélas, non, notre règle interdit de laisser sortir le moindre document hors des limites du couvent.» (à suivre...)