Résumé de la 4e partie n 10 années plus tard, Tischendorf dévoile sa source de documentation. Le monastère devient ainsi le lieu prisé des chercheurs bibliques. C'est pourquoi Tischendorf se décide à partir une troisième fois au mont Sinaï. Mais cette fois-ci il veut avoir, d'emblée, des moyens de persuasion plus efficaces. «Monsieur le ministre des Cultes, pourriez-vous m'obtenir une entrevue avec le comte Noroff, ministre de Sa Majesté le tsar Alexandre Il à Dresde ?» Une fois en présence du représentant de la sainte Russie, Tischendorf dévoile ce qu'il a en tête : «Si Sa Majesté voulait bien soutenir mes efforts, je serais prêt à lui remettre toutes les nouvelles trouvailles que je pourrais faire au cours de mon prochain voyage.» Le comte Noroff est intéressé. Il en parle à son tour au grand-duc Constantin, frère du tsar, qui rallie à cette idée l'impératrice Marie et même l'impératrice-mère Charlotte. Tout ce petit monde fait le siège du tsar qui finit par donner son accord. Tischendorf touche, sans reçu, une forte somme en roubles d'or. Et voici notre héros une nouvelle fois dans la nacelle du monastère. On l'accueille avec enthousiasme et l'on dit des prières pour le succès de ses recherches... «Bon ! Révérend-père, si vous le permettez, je commencerai demain.» Une fois de plus, Tischendorf se met à soulever tous les manuscrits, sur toutes les étagères, et à fouiller tous les recoins, tous les tas d'ordures. En vain : les 86 feuillets semblent s'être volatilisés. «Je n'ai plus d'espoir. Dès que la caravane de retour sera prête, je repartirai pour la Saxe. Je n'y comprends rien !» Tischendorf rencontre alors un moine qu'il a eu peu d'occasions de connaître. Un jeune moine, d'origine grecque, chargé de l'économat. Ils bavardent, se promènent dans le jardin : «Il y a encore, près de mon lit, un Ancien Testament en grec. Voulez-vous le voir ?», demande le moine. Et bientôt, devant Tischendorf blanc d'émotion, ce sont les 86 feuillets tant recherchés qui apparaissent. Et ils ne sont pas seuls : il y a là une liasse énorme, et l'ensemble date, lui aussi, de l'an 350... Une merveille ! 346 feuillets, qui représentent la plus ancienne version connue du Nouveau Testament ! Mais il n'est pas au bout de ses peines. «Mon révérend, il faut absolument que j'emporte ce manuscrit pour l'étudier et le porter à la connaissance du monde. Me permettrez-vous de le prendre avec moi. — Il n'en est pas question, mon fils. Je suis désolé.» Tischendorf s'y attendait un peu, et il insiste : «Je pourrais vous payer une forte somme en roubles d'or. Cela permettrait d'améliorer le couvent... Sa Majesté Alexandre Il, tsar de tous les Russes, tient personnellement à la réalisation de ce projet. Si vous m'autorisiez seulement à recopier le tout... Mais pour ce faire, je devrai l'emporter jusqu'au Caire, puisque votre couvent ne possède pas la quantité d'encre et de papier nécessaire à ce travail. — De toute manière, je ne suis pas habilité à vous en donner l'autorisation sans l'assentiment de notre archimandrite. Il est en voyage au Caire, justement.» Tischendorf saute sur ses chameaux, et en route pour Le Caire. L'archimandrite est au milieu d'un congrès... d'archimandrites ! Le plus ancien d'entre eux donne enfin son assentiment : «Faites apporter le manuscrit, et copiez-le au Caire.» (à suivre...)