Résumé de la 5e partie n L'espoir renaît de nouveau chez Tischendorf, il retrouve non seulement les 86 feuillets, mais 846 feuillets de l'an 350. De plus, il est autorisé par l'archimandrite à en faire une copie. Aussitôt Nasser, un Bédouin, est expédié à Sainte-Catherine. Au bout de deux semaines, Tischendorf peut saisir sa plume et commencer la copie, assisté d'un médecin et d'un pharmacien experts en grec. Au bout du compte, ils parviennent à copier 110 000 lignes, sans compter les corrections, les variantes, les additifs, au nombre de 12 000. Tout en recopiant fébrilement, Tischendorf n'oublie pas qu'il a promis de livrer le Codex à Alexandre Il... Sur ces entrefaites, la réunion des archimandrites – dont dépend l'avenir du nouveau Codex – connaît des problèmes. En particulier, celui de l'élection d'un chef. L'élu est un certain Cyrille. Mais il faut que les moines en réfèrent au patriarche de Jérusalem. Celui-ci, qui a un grief contre Cyrille, refuse de le reconnaître. Les moines restent sans chef... «Mon cher Tischendorf, savez-vous que le grand duc Constantin de Russie arrive à Jérusalem ? – C'est le doigt de Dieu. Lui seul peut nous ôter cette épine du pied.» Tischendorf rend visite au fameux Cyrille. «Je peux faire intervenir le grand-duc Constantin en votre faveur. En échange, je compte que vous accepterez toujours de faire don du Codex à la sainte Russie.» Arrive-t-on à la fin des problèmes ? Que nenni... «Monsieur Tischendorf, une délégation de savants britanniques vient d'arriver au Caire, et ils offrent un bon prix pour obtenir le Codex.» Mais les moines répondent qu'ils préfèrent l'offrir à la sainte Russie plutôt que de le vendre aux Anglais. Tischendorf rencontre le grand-duc Constantin, qui fait pression sur le gouvernement turc, dont dépend Jérusalem. Les Turcs font, à leur tour, pression sur le patriarche, qui confirme Cyrille comme grand archimandrite, et celui-ci offre le Codex au tsar... Mais en Orient, rien n'est simple, et tout le monde prend son temps. De longues semaines se passent avant qu'on sache qui est qui, qui peut faire quoi et qui est décidé à obéir à qui... Tischendorf, à Constantinople, n'obtient que des réponses évasives et... byzantines. On propose alors aux moines sinaïtes de «prêter» leur Codex aux Russes, en attendant une décision définitive. Le cas échéant, on le rendrait au couvent... Finalement, Tischendorf en personne remet le Codex – qu'on lui a confié au Caire – au tsar, en son palais de Tsarkoïe Selo. Le tsar lui décerne aussitôt un titre de noblesse héréditaire. Les chefs d'Etat du monde entier le couvrent de décorations... Les choses en sont restées là. La révolution soviétique balaie les Romanov. On ne parIe plus de prêt, ni de don... Jusqu'en 1939, où les autorités soviétiques, à la veille de la guerre, font entrer des devises en vendant un grand nombre d'objets d'art à l'Occident. Le Codex du mont Sinaï fait partie du lot. Une délégation britannique s'en rend acquéreur, moyennant un certain nombre de livres sterling. Et c'est pourquoi le Codex Sinaïticus, tant recherché par Tischendorf, est aujourd'hui en Grande-Bretagne.