Résumé de la 3e partie n Tischendorf atteint le couvent Sainte-Catherine dans le Sinaï. Accidentellement, il découvre un manuscrit grec de l'an 350 destiné à être brûlé. Une autre version des Septante. Mais Tischendorf en a vu d'autres, et on finit par tomber d'accord. Un accord bizarre. «Puisque vous insistez, vous pourrez emporter 43 des feuillets qui vous intéressent. Mais pour les 86 autres feuillets du parchemin, pas question qu'ils sortent du couvent. Vous pouvez cependant les recopier tout à loisir. A une condition, toutefois... ne jamais révéler l'origine de ces documents.» Et c'est ainsi qu'en 1845, l'année suivant son départ de Livourne, Tischendorf est de retour à Leipzig, prêt à étudier et publier la masse de documents qu'il a rapportée du Proche-Orient. Il est nommé professeur titulaire de l'université, et les 43 précieux feuillets accordés par le couvent Sainte-Catherine sont déposés à la bibliothèque universitaire sous le nom de Codex Fredericus Augustanus. Un de plus... Tischendorf entreprend alors une reproduction lithographique du document. Conformément à la promesse faite au prieur de Sainte-Catherine, notre savant se refuse à révéler le lieu exact d'origine des 43 feuillets. Il ne tient pas à mettre d'autres chercheurs sur la piste ! Il sait qu'il reste 86 feuillets sur place, et il entend bien les récupérer un jour. «De toute manière, aussi intéressantes que soient mes découvertes sur la Bible, je suis toujours à la recherche d'une version primitive du Nouveau Testament. Et là-dessus je n'ai pas du tout avancé.» Voilà pourquoi, en 1854, Tischendorf se trouve à nouveau dans la nacelle qui permet d'accéder à l'entrée du monastère Sainte-Catherine. «Eh bien, déjà dix ans ! J'espère que vous avez bien pris soin des 86 feuillets que je vous ai laissés la dernière fois ! — Euh... Ah oui ! Ces feuillets de parchemin... Au fait, quelqu'un sait-il ce qu'ils sont devenus ?» Personne ne se souvient plus de rien ! Tischendorf supplie pour qu'on les retrouve : en vain. Que penser ? Pour l'instant, inutile de s'attarder au milieu des moines barbus. Tischendorf, la rage au cœur, décide de visiter d'autres couvents et d'autres bibliothèques. Le voici parti pour une grande tournée, à dos de chameau ou autrement : Le Caire, Alexandrie, Smyrne, Jérusalem, Laodicée. Partout, de nouvelles trouvailles oubliées ou négligées. Et toujours un mélange de toutes les langues : grec, copte, syrien, arabe, hiéroglyphes égyptiens, parchemins lavés et réécrits... Mais, quand il rentre à Leipzig, Tischendorf est frustré. Alternant voyages harassants et périodes studieuses, notre savant, au bout de cinq années, arrive au bout d'une nouvelle édition du Nouveau Testament. Mais, chaque jour, une pensée le hante : «Un de ces jours, les 86 feuillets manquants vont être publiés par un autre, qui aura réussi à circonvenir les moines hypocrites de Sainte-Catherine. Je m'y attends et j'en tremble...» Grande nouvelle dans le Landerneau des épigraphistes : «Tischendorf vient de révéler d'où il tient les 43 feuillets du Codex Fredericus Augustanus : le monastère de Sainte-Catherine, au mont Sinaï !» Tout le monde est content de l'apprendre, mais rien ne se passe. «Et si les moines avaient vraiment égaré les précieux feuillets ? Après tout, avec eux, rien ne m'étonnerait plus.» (à suivre...)