Kouba Samir, un vagabond de 35 ans, condamné auparavant pour différents délits mineurs, «couronne» sa vie de malfaiteur par une réclusion criminelle de 20 ans. Le 8 janvier 2002, alors qu?il rôdait dans un quartier Kouba vers 4 heures à la recherche de quelque chose à se mettre sous la dent, son attention a été attirée par la vue des paraboles installées sur les terrasses. Une idée germe alors dans son esprit. Conforté par les environs déserts, il escalade le mur d?une villa et atterrit sur la terrasse et, d?un mouvement leste, il se saisit de la tête de la parabole. Malgré toutes ses précautions, ses pas n?ont pas manqué de résonner, éveillant les propriétaires. Non satisfait de son butin, il décide de voler une seconde tête de parabole sur la terrasse voisine. En deux enjambées, il se retrouve sur la terrasse de la famille B. Entre-temps, les habitants de la villa où il venait de voler, s?empressent de voir de plus près ce qui se trame au-dessus de leurs têtes. Ils aperçoivent une silhouette qui atterrit sur la terrasse mitoyenne et courent avertir leurs voisins, en sonnant à leur porte. La famille B, forte de ses neuf enfants, se réveille. Le père, Hocine, se rend le premier sur la terrasse et se retrouve nez à nez avec Samir, le voleur affolé. Ce dernier sort aussitôt un poignard et menace de le tuer s?il ne le laisse pas s?en aller. C?est ce moment que choisiront ses cinq fils pour intervenir. Se sentant pris au piège, le voleur panique. Se saisissant d?une barre de fer qui se trouvait à sa portée, il frappe au hasard puis, à l?aide de son couteau, donne un violent coup à la personne la plus proche de lui avant d?être maîtrisé, ligoté et tenu en respect jusqu?à l?arrivée de la police. Mohamed, qui a reçu un coup de couteau à la cuisse, est aussitôt transporté à l?hôpital ainsi que son frère Abdelghani, frappé à la tête avec la barre de fer. Malheureusement, Mohamed ne survit pas à sa blessure, tandis que son frère s?en tire avec une incapacité de travail de 8 jours. Présenté à la barre le 16 décembre 2003, l?accusé Samir a reconnu tous les faits retenus contre lui, mais il a ajouté qu?il était en état de légitime défense, car le propriétaire, ayant tiré un coup de feu en l?air, l?a affolé. Il a déclaré qu?il n?avait frappé qu?au hasard, voulant à tout prix déguerpir. Puis ce fut au tour du père du défunt d?apporter son témoignage. Il nia posséder un fusil. «Je voulais éviter le pire, mais mes enfants, en intervenant, ont déclenché la panique. Nous ne l?avions à aucun moment agressé, une fois ligoté et fouillé, on trouva sur lui le butin volé». La victime blessée rapporta les mêmes propos que son père. Le père de l?accusé souleva l?étonnement de toute l?assistance. A la question du président sur ce qu?il pensait de cette affaire, il répondit que son fils devait être puni pour ce qu?il a commis : «Je ne peux que renier un fils criminel.» Le président ne manquera pas de mentionner le lourd passé de l?accusé au casier judiciaire bien chargé. L?avocat de la partie civile insista sur le fait que le mis en cause a ravi la vie à un jeune de 19 ans. «L?accusé est un danger public, il a commis le plus grave des délits. Pour voler, il n?a pas hésité à tuer. Nous ne pouvons, en aucun cas, lui accorder les circonstances atténuantes. Même son père ne veut plus répondre de lui.» Lors de son réquisitoire, le procureur insista sur le fait qu?il s?agissait d?un dangereux criminel qui devait être jugé pour homicide volontaire, vol qualifié et coups et blessures volontaires. «Le criminel n?a pas été intelligent, il aurait dû tout simplement se constituer prisonnier plutôt que de commettre l?irréparable.» Il requiert à son encontre la prison à perpétuité. L?avocat de la défense déclare que le mis en cause n?a pas nié sa responsabilité, mais qu?il n?a, à aucun moment, prémédité son acte. «S?il avait l?intention de tuer, il aurait plutôt visé le c?ur. Malheureusement, le coup porté, au hasard, à la cuisse, a sectionné l?artère fémorale, ce qui a provoqué le décès. Je demande que mon client soit jugé pour coups et blessures involontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. On devrait tenir compte également de sa situation sociale. Ses parents, divorcés, ont refait leur vie, chacun de son côté. Devenu indésirable, il erre dans les rues en vagabond.» Le président ne se laisse pas attendrir, mais retient néanmoins le chef d?inculpation de coups et blessures involontaires sans accorder les circonstances atténuantes. Le verdict tombe : 20 ans de réclusion criminelle.