"Homicide" Blessée à la veine fémorale, la victime décède quelques instants après l?agression. Le 21 avril dernier, Omar, un jeune homme de 22 ans, comparaît devant le tribunal criminel d?Alger pour homicide volontaire. Même s?il était avec un autre complice lors des faits, c?est seul qu?il se retrouve devant les juges cette fois : son complice, mineur, a été jugé et condamné par la juridiction des mineurs. Les faits de cette affaire remontent au 1er janvier 2001, quand des commerçants qui se rendaient au souk d?El-Harrach, découvrent le corps inanimé d?un septuagénaire gisant dans une mare de sang. Ils se dirigent aussitôt au commissariat de police pour y informer les services concernés. La police judiciaire se rend aussitôt sur les lieux. L?enquête s?avère délicate, d?autant plus que les inspecteurs chargés de l?enquête n?ont aucune information. Ils se mettent alors à interroger l?entourage de la victime qui s?avère être un pauvre malheureux, sans ressources. Marié sur le tard, il a des enfants en bas âge qu?il faut nourrir et entretenir. Pauvre, mais digne, la victime gagne sa vie en vendant de la friperie au souk d?El-Harrach. Même la marchandise qu?il expose sur le sol est destinée à des hommes de condition modeste comme lui. Aussi banales qu?elles puissent paraître, ces informations sont d?une importance capitale pour les policiers qui savent alors sur quel milieu ils doivent axer leurs investigations. Ils se mettent alors à fouiner parmi les marginaux. Les vendeurs de cigarettes au détail s?avèrent souvent des mines d?informations. L?un d?eux donne un tuyau capital aux policiers. Il affirme avoir aperçu sur les lieux et ce, quelques instants après l?heure supposée du crime, un certain Slimane. Les policiers se mettent alors à la recherche de Slimane El-Harrachi qui demeure introuvable. Comme personne ne sait où il réside, cela complique l?enquête. La persévérance des inspecteurs ne tarde pas à être couronnée de succès. S?ils ne parviennent pas jusqu?à Slimane, ils réussissent à identifier son ami, un mineur, lui aussi vendeur de cigarettes au détail. Le jeune Omar, lorsqu?il est arrêté, tente, une première fois, de brouiller les pistes. Il admet connaître le fuyard, mais estime, par ailleurs, ignorer où il se trouve. Pressé de questions, Omar finit par lâcher le morceau. ?Oui, j?étais avec Slimane, lorsqu?il a tué le vieillard?, dit-il. Il leur indique, ensuite, la maison du suspect principal. Slimane sera arrêté quelques instants plus tard. Présenté au parquet, il est inculpé d?homicide volontaire. Omar est, lui aussi, inculpé, mais son dossier est transmis à la juridiction des mineurs. Devant le tribunal criminel d?Alger, Slimane reconnaît avoir frappé la victime avec un couteau que lui avait remis son complice. ?Nous avions veillé cette nuit de fin d?année. A 6h30, nous étions près du souk hebdomadaire et nous avons constaté la présence du vieil homme qui donnait l?impression d?être un riche maquignon. Mon ami l?a étranglé en le surprenant par derrière. Je voulais lui enlever le sachet, mais il refusait de le lâcher et je lui ai donné un coup de couteau à la cuisse. J?ai pris le sachet et avec mon complice, nous nous sommes enfuis, laissant notre victime affaissée sur le sol», dit-il. Il affirme que le sachet ne contenait que de vieux chiffons qui n?ont rapporté que 400 DA. ?Nous les avons vendus au souk d?El-Harrach?, explique-t-il. Il affirme, en outre, que l?agression n?a pas été préméditée. Le complice de l?assassin déclare qu?il était avec son ami lorsqu?ils ont décidé de voler le sachet du vieillard. ?C?est lui qui l?a frappé à deux reprises en visant la cuisse», ajoute Omar. Le procureur général insiste sur le fait que l?assassin a visé la veine fémorale qui représente un point sensible dans le corps humain. «Il voulait le tuer et l?a fait. Tout cela pour de la friperie !», plaide l?avocat général qui requiert 20 ans de réclusion. L?avocat de la défense plaide les circonstances atténuantes pour son client qui a tué sans le vouloir. ?Il était question de voler le sachet et non de tuer le vieux?, dit-il. Il réclame de larges circonstances atténuantes pour son client. Après délibérations, Slimane se voit infliger une peine de 10 ans de réclusion criminelle.