Les deux traditions, festivités et tristesse à la fois, se retrouvent chez les Maghrébins qui jeûnent le jour de l'Achoura et pratiquent, vestiges probables de l'occupation chiite au Moyen Age, des rites de deuil, comme l'interdiction de se marier dans certaines régions, de se raser, de s'enduire les mains de henné, de se teindre les cheveux, de coudre… Une tradition dit que si, ce jour-là, on écrit, les mains se mettent à trembler. Pour ce qui est du khôl, l'antimoine dont on se souligne les yeux, les explications sont partagées : selon certains, on se farde les yeux pour arborer le noir, qui est la couleur du deuil, pour d'autres, au contraire, on se farde pour montrer sa joie, car le khôl est associé à la fête. Au Maroc, l'Achoura est devenue une véritable fête des enfants, auxquels on offre des jouets, dont le ta'arija, un tambour traditionnel qui emplit de joie villes et villages. C'est encore au Maroc que la tradition du carnaval de l'Achoura s'est le mieux conservée. En Tunisie, on rend visite aux morts et on allume des cierges dans les mausolées. A Gabès, les enfants, armés de grands roseaux creux, vont de maison en maison pour quêter des friandises. En Algérie, on procède encore dans les campagnes à des t'âm ou repas collectifs, dans les mausolées. En Kabylie, on célèbre timecret ou sacrifice de bœufs, offert en l'honneur des saints locaux. La tradition du carnaval de l'Achoura s'est perdue en Algérie.