Quelque 816 personnes ont péri et 238 autres ont été blessées mercredi, la plupart par noyade, à la suite d'une bousculade sur un pont du Tigre. La plupart des victimes ont péri noyées dans le fleuve qui traverse Bagdad, après un mouvement de panique provoqué par des rumeurs sur la présence parmi la foule de deux kamikazes portant des ceintures d'explosifs. Dans ce bilan, figuraient des personnes tuées plus tôt dans la matinée à la suite de tirs de mortiers près d'un mausolée chiite de Bagdad où des fidèles participaient au deuil chiite marquant l'anniversaire de la mort de l'imam Moussa Al-Kazem, près d'une mosquée sunnite du quartier d'Adhamiyah, en se rendant dans le mausolée du septième imam chiite. Des milliers de fidèles participaient à des processions pour marquer l'anniversaire de la mort de Moussa Al-Kazem, qui a été empoisonné, selon la tradition. Cette célébration a été pourtant entourée d'importantes mesures de sécurité de crainte d'une attaque. D'autres victimes sont mortes à la suite d'empoisonnements criminels, a indiqué le vice-ministre de la Santé irakienne Jalil Chommari. Elles auraient absorbé des produits alimentaires délibérément empoisonnés, achetés dans le secteur avant la bousculade sur le Tigre. Il s'agit de la journée la plus sanglante en Irak depuis l'occupation américaine du pays en mars 2003. Les victimes ont été admises dans cinq grands hôpitaux de la capitale. Le Premier ministre irakien, Ibrahim Jaafari, a décrété trois jours de deuil national dans le pays. Un vrai carnage qui a visé les chiites et qui intervient au moment où l'Irak a adopté sa Constitution post-Saddam prônant un fédéralisme que les sunnites rejettent catégoriquement. Les chiites, majoritaires en Irak, sont la cible privilégiée des attentats terroristes dont le pays est l'objet depuis 2003. Le coup d'envoi de cette guerre contre les chiites avait été donné en août 2003, lorsque le dignitaire chiite Mohammad Baqer Hakim, chef du Conseil suprême de la révolution islamique en Irak (CSRII), devait succomber dans un attentat à la voiture piégée devant la mosquée de l'imam Ali à Nadjef. Par la suite, pas une ville, pas un sanctuaire chiite ne sera épargné ni même les dates commémoratives, dont l'Achoura qui, aux yeux des chiites, est une journée de deuil. Zerkaoui d'Al-Qaïda a ouvert l'année 2005 par 118 morts et 147 blessés dans des attentats devant des bâtiments administratifs à Hilla, ville très majoritairement chiite au sud de Bagdad. D. B.