Au début du XXe siècle, l'ethnologue français, Edmond Destaing, décrivait ainsi la cérémonie du changement de foyer, chez les Beni Snous, de la région de Tlemcen : «Les enfants rapportent de la montagne des petits paquets d'alfa, six, huit, un nombre pair ; deux paquets d'alfa sec ; ils se procurent aussi trois grosses pierres ; au pied des pentes, ils recueillent de la terre rouge. Ils apportent le tout à la maison. Alors, au moyen d'une pioche, les femmes démolissent l'ancien foyer, enlèvent les trois vieilles pierres qui servent de support à la marmite, et les remplacent par celles que les enfants ont apportées. Elles vont mouiller la terre rouge avec de l'eau, la pétrir, en enduire les pierres du nouveau foyer et le laisser sécher jusqu'au moment de préparer le repas du soir. On allume alors le feu avec l'alfa récolté sur la montagne.» Ce rite se retrouve également dans d'autres régions. Dans les Aurès où on l'appelle Bu-ini, certains ont cru qu'il s'agissait de la déformation de l'expression latine bonus anus, «bonne année». En réalité, l'expression signifie «celui des trois pierres du foyer» ini étant le mot berbère désignant la pierre du foyer. L'expression se retrouve dans certaines régions du Maroc sous la forme Biannu et Bennayo et désigne la nuit du 1er Yannayer. En Algérie, à Ouargla, on connaît la fête de Lalla Babiyanu mais celle-ci coïncide plutôt avec les festivités de l'Achoura.