Le carnaval maghrébin, où, répétons-le, ce qu'il en reste, était pratiqué à l'occasion de l'Achoura et parfois de Yennayer, le jour de l'an. Comme ailleurs, il est placé sous le signe de la fête et de la gaieté. Yennayer, comme «la porte de l'année» est indiqué pour ce genre de festivités, mais le carnaval a été détourné vers l'Achoura, une fête musulmane, à la fois fête de deuil, mais aussi de joie qui lui succède (voire nos articles sur l'Achoura). Le carnaval était à la fois un rite d'identification et d'expulsion du mal, c'était aussi un rite de mise à mort symbolique des plantes et de leur résurrection. L'élément principal du carnaval est le masque, représentation figurant des forces redoutables. Il est souvent grimaçant ou effrayant ; l'objectif n'étant pas de cacher les défauts, mais de les révéler pour mieux les combattre. C'est le cas du lion qui exhibe, en guise d'œil, un brandon enflammé ou du dragon, qui incarne les forces du mal. Mais tous les masques ne sont pas effrayants à l'image de l'âne, animal débonnaire qui incarne l'insouciance. Des mises en scène accompagnent souvent le carnaval. Tantôt grivoises, tantôt grotesques, elles laissent exploser les forces intérieures et procèdent à une critique parfois sévère de la société.