Solution n Le gouvernement est en passe de reconnaître aux gérants libres des stations-service le droit de jouissance. Jusqu'ici, l'entreprise Naftal tentait de leur faire signer des simples contrats de location-gérance. Le président de la fédération nationale des exploitants libres des stations-service a révélé hier avoir eu un entretien informel avec le Chef du gouvernement, à propos du statut de cette exploitation dite libre. Un statut «flou» qui a créé, dès 2004, un climat de discorde entre les représentants de la fédération et l'entreprise économique Naftal, une des filiales du groupe Sonatrach, spécialisée dans la distribution des produits pétroliers (essence, mazout, gaz…). Naftal prétend que ces stations relèvent de son patrimoine, des affirmations que les gérants rejettent. La filiale de Sonatrach, créée en 1982, tente de faire signer aux concernés un simple contrat de location-gérance, au moment où ses vis-à-vis, en activité depuis l'indépendance, demandent le statut d'exploitants. «Le président de la République est contre la cession des stations-service aux privés. Il reconnaît le droit de jouissance, à vous et à vos familles», a rapporté le président de la fédération, Boudjemlal Mustapha, citant Abdelaziz Belkhadem. Le chef du gouvernement a été approché, début mai, lors d'un regroupement des cadres du FLN au Mouflon d'Or (Alger), précise-t-on. L'objet de l'entretien, indique M. Boudjemlal, était de savoir pourquoi la commission interministérielle, installée en décembre 2006 et chargée de trouver un statut adéquat à cette gestion libre des stations, n'a toujours pas rendu publiques ses conclusions. Les dirigeants du syndicat et ses adhérents se disent satisfaits de cette déclaration, pour peu qu'elle soit matérialisée sous forme de texte de loi. «Nous demandons l'application de cette mesure dans les meilleurs délais», affirme le conférencier. «J'espère que le chef du gouvernement pèse ses mots», déclare de son côté Ayouaz Hamid, porte-parole du syndicat. La décision du président de la République d'octroyer le droit de jouissance à ces gérants est vue comme «un retour au bon sens». Selon la fédération, le parc des stations-service en gestion libre est constitué de 355 stations (19% de l'ensemble du réseau de distribution de produits en hydrocarbures). Ce chiffre était de 1 200 à l'indépendance, d'après le syndicat. Le parc représente une capacité de stockage à un taux de 9% sur les capacités globales du réseau. Il représente aussi 11% des parts du marché de la distribution. Ces stations-service ont été octroyées dans le cadre du «recasement des moudjahidine et des veuves de chouhada au lendemain de l'indépendance», rappelle-t-on. Elles sont situées dans des endroits convoités à travers les grandes villes du pays, à l'exemple d'Alger, de Constantine et de Sétif. Plusieurs de ces stations sont en voie de disparition pour cause d'utilité publique. C'est l'entreprise Naftal qui bénéficie des dédommagements (lots de terrain destinés en principe à la réalisation de nouvelles stations). Les gérants, eux, sortent les mains sur la tête, après près d'un demi-siècle de service régulier.