Résumé de la 1re partie n Par erreur, un brave homme donne une pièce d'or au Père Derviche qui nie l'avoir reçue. Ils vont, accompagnés d'un berger et d'un gitan, rencontrés en chemin, chez le cadi pour trancher... En tout, ils sont quatre, l'un a un violon, l'autre une flûte, le troisième est un Derviche... et, sous prétexte d'expliquer leur litige, ils entonnent : «Père Derviche ! la pièce d'or c'est toi qui l'as, toi qui l'as, toi qui l'as.» «Ah, mon fils ! Je ne l'ai pas, je ne l'ai pas, je ne l'ai pas.» «Turlututu, turlututu...» «Zzz, zzz, zzz...» Le Cadi qui ne comprend absolument rien leur dit : «Taisez-vous, taisez-vous, mes enfants ! Maintenant laissez tomber ! Demain, vous reviendrez dans la matinée et vous m'expliquerez votre problème.» Le soir arrive, le Cadi rentre chez lui. Après le repas, il fait sa prière, et tout en faisant ses dévotions, il se rappelle les quatre hommes et esquisse un sourire. Après la prière, sa femme lui dit : — Messire Cadi, pourquoi as-tu ri pendant la prière ? — Oh, ce n'est rien. Il m'est venu comme ça une chose à l'esprit. — Dis-le moi tout de suite. Mais il n'y a rien à dire. C'est seulement un procès qui est venu aujourd'hui, et cela m'a fait rire. — Raconte, qu'est-ce que c'était ? — Eh bien, que veux-tu que je te dise ? Il y avait quatre hommes : l'un avec un violon à la main, l'autre une flûte... L'un faisait «Turlu. tutu turlututu», l'autre «Zzz zzz zzz», un autre disait : «La pièce d'or, c'est toi qui l'as», quant au dernier, il répondait : «Ah mon fils ! je ne l'ai pas.» — Moi aussi il faut absolument que j'aille entendre ce procès. — Non, tu ne peux pas venir ! Tu n'as rien à faire au milieu de tout ce monde. – Si, j'irai sûrement. Tu feras tendre un rideau au milieu de la salle et j'écouterai cachée derrière. La femme dansait très bien. Le lendemain, elle glisse des cymbales à sa taille et va au procès. On tend un rideau, un rideau rouge, la femme de Messire Cadi prend place derrière. Le Cadi fait appeler les plaignants pour qu'ils racontent leur litige. Ceux-ci voient qu'il y a un rideau, il y a sûrement quelqu'un ou quelque chose derrière, de toute façon ce n'est pas vide. Le violoniste retend les cordes de son violon, le berger prend sa flûte, et l'un après l'autre, ils entonnent : «Père Derviche ! La pièce d'or c'est toi qui l'as, toi qui l'as, toi qui l'as.» «Ah, mon fils ! Je ne l'ai pas, je ne l'ai pas, je ne l'ai pas.» «Turlututu, turlututu...» «Zzz, zzz, zzz...» Sur ces entrefaites, le Cadi se lève brusquement et s'écrie : «Cadi depuis quarante années, je n'ai jamais vu, non jamais, non jamais, un tel procès !» A ce moment-là un cliquetis se fait entendre de l'autre côté du rideau : «Gling, gling, gling...» C'était la femme du Cadi qui dansait derrière le rideau en chantant : «Continuez, continuez, les enfants !» Croyez-vous que le berger et le violoniste allaient s'arrêter ? Vous pensez bien que non : «Turlututu, turlututu...» «Zzz, zzz, zz...» Ce fut un divertissement fort agréable... Le Cadi donna deux pièces d'or aux plaignants et l'affaire se régla ainsi à l'amiable...