Résumé de la 1re partie n La Léda de Corrège, après être passée chez Charles Quint puis chez Philippe II et Henri IV, vient finalement enrichir la collection de Rodolphe II. Au moment de la guerre de Trente Ans, les Suédois, qui sont de redoutables militaires, envahissent l'Europe et arrivent à Prague. Ils font main basse, en 1648, sur la Léda mais, en vrais béotiens, incapables d'apprécier sa beauté, ils emportent l'œuvre à Stockholm pour en faire... un store, destiné à boucher la lucarne d'une écurie ! Heureusement, la reine Christine de Suède, véritable garçon manqué, un peu crasseuse et mal embouchée, apprécie les arts et tout ce qui vient d'Italie. Elle remet la Léda à l'honneur. Un jour, Christine décide de quitter définitivement la Suède et de s'installer à Rome, où elle se prend d'amitié pour Decio Azzoloni, qui est cardinaI. C'est lui qui devient l'heureux propriétaire de la lascive épouse du roi de Tyndare. Le cardinaI n'a pas d'enfants, pour une fois. Mais il a des héritiers, qui vendent la collection à un amateur, le duc de Bracciano, Livio Odescalchi. On la retrouve des années plus tard, chez un amateur de tableaux coquins : le Régent, le propre neveu de Louis XIV. Quand celui-ci disparaît, en 1723, sa collection comporte près de cent toiles de maîtres, dont beaucoup eurent, en leur temps, Richelieu et Mazarin comme propriétaires. C'est le fils du Régent, Louis d'OrIéans, qui hérite de toutes ces œuvres. Louis d'Orléans ne ressemble en rien au Régent. Il est lourd, peu brillant, et il se montre bien incapable de prendre sa succession, en attendant la majorité du petit Louis XV. Il commence pourtant, comme son père, par une liaison avec une actrice, Mlle QuinauIt, puis épouse une princesse de Bade, qui meurt peu après la naissance de leur second enfant. Louis se transforme en veuf inconsolable. Il fait alors des retraites de plus en plus fréquentes à l'abbaye de Sainte-Geneviève, où il finit par se fixer définitivement en 1742. Pour le malheur de Léda, Louis d'Orléans n'apprécie pas du tout les arts. Il raffole au contraire des sciences. Il s'était constitué un très riche cabinet d'histoire naturelle. Mais il était surtout très pudibond et... à moitié fou ! Il charge le peintre Antoine Coypel de veiller sur sa collection. Coypel a été un enfant prodige de la peinture, il a vécu à Rome, et il a une tendresse particulière pour le Corrège. Un soir Louis d'OrIéans, qui se promène dans sa galerie de tableaux, un chandelier à la main, hurle : «Que le ciel brûle et détruise ces œuvres impies et immorales !...» Le lendemain, Antoine Coypel découvre que, joignant le geste à la parole, Louis d'Orléans, dans un accès de démence pudibonde, a lacéré la Léda du Corrège, et qu'il a, à demi, brûlé les têtes des belles déesses. Les têtes : non seulement celle de Léda, mais aussi celle de Io — également du Corrège — gisent sur le plancher. (à suivre...)