Anomalie Les prétendants à la gestion des abattoirs ne sont soumis à aucune enquête. C?est à celui qui fera la meilleure offre financière. Le ministère de l?Agriculture et du Développement rural est le seul organisme habilité à délivrer les agréments nécessaires à l?installation des abattoirs dont la gestion n?est pas, pour autant, de son seul ressort. En effet, d?autres départements, tels les ministères de l?Intérieur et du Commerce pour ne citer que ces deux-là, sont partie prenante dans leur gérance. Cela dit, l?affaire de l?abattoir d?El-Harrach, où étaient abattus des ânes destinés à la consommation humaine selon les services de la Gendarmerie nationale, a révélé au grand jour les limites de la réglementation relative à l?administration de ces établissements. Sur ce registre, il est utile de souligner que la gestion des abattoirs est souvent confiée aux privés qui présentent la meilleure offre financière aux APC. Autrement dit, toute personne peut aspirer à gérer un abattoir. Les prétendants ne sont soumis à aucune enquête, ce que beaucoup ont du mal à comprendre. «Ce n?est pas logique de confier la gestion d?un abattoir à n?importe qui», regrette-t-on. Il est clair qu?il y a là un vide juridique que le directeur de la concurrence et des prix à la wilaya d?Alger, en l?occurrence Youcef Lamari, ne manquera d?ailleurs pas de reconnaître. Toutefois, notre interlocuteur souligne que des initiatives, visant à mieux contrôler les abattoirs, sont en cours d?élaboration. A ce propos, la DCP est sur le point de soumettre au wali d?Alger un avant-projet d?arrêté obligeant, entre autres, les gérants d?abattoir à inscrire quotidiennement toutes les entrées et les sorties de bêtes dans leur établissement. Ce qui ne se faisait pas auparavant. «Cela nous permettra d?identifier facilement les personnes qui seront tentées par la vente de la viande asine par exemple. Aussi, toute personne qui abattra une bête dans un abattoir sera inscrite sur le registre qu?on compte mettre en place au niveau de chaque établissement d?abattage, de même que le poids et la destination de la viande», ajoute M. Lamari. Notons, enfin, que seuls les bouchers possédant des registres du commerce en bonne et due forme et les particuliers s?apprêtant à fêter un heureux événement (fête de l?Aïd El-Kebir, cérémonie familiale?) sont autorisés, par la loi en vigueur depuis 1989, à abattre des bêtes au niveau des abattoirs. Des saisies salutaires Pas moins de 240 800 kg de viande rouge, impropre à la consommation humaine, ont été saisis par les services vétérinaires du ministère de l?Agriculture, l?année dernière, au niveau des abattoirs du pays. En 2000 et 2002, les quantités saisies étaient beaucoup plus importantes. Elles étaient respectivement de 375 867 et 257 839 kg. «La baisse des quantités saisies de viande rouge d?année en année veut dire que notre cheptel se porte de mieux en mieux», explique M. Abda, qui relève au passage que si «ces quantités avaient été consommées par la population, on aurait assisté à une véritable catastrophe». Pour ce qui est des abats, les quantités saisies sont aussi importantes : 207 080 kg l?année dernière contre 198 944 kg en 2001. En général, les abats sont saisis, car atteints de tuberculose ou de kyste hydatique. Deux maladies que l?homme contracte en consommant des abats «malades» et qui s?avèrent souvent fatals.