Constat n Selon les données des services de sécurité, 18 kidnappings de mineurs ont été enregistrés durant les quatre premiers mois de l'année en cours. La chaîne I de la radio nationale a programmé, hier, un débat de trois heures autour de la question des enfants et des kidnappings. D'abord, le constat des services de sécurité : durant les quatre premiers mois de l'année en cours, la gendarmerie nationale et la police ont relevé 18 kidnappings de mineurs. L'enlèvement est parfois suivi d'un abus sexuel puis d'un assassinat. La police a fait état de quatre rapts, dont deux ont été assortis de demandes de rançon. En 2007, les mêmes services ont enregistré sept cas de kidnapping. Depuis janvier, les gendarmes ont recensé 14 enlèvements. S'agissant des abus sexuels sur mineurs, la police a constaté, ces derniers quatre mois, 632 cas, alors que la gendarmerie en a noté 33. «La situation n'est pas aussi alarmante qu'on le prétend», commente le représentant de la police. Ce commentaire n'est pas partagé. «C'est un phénomène qui menace la société», affirme le premier responsable de l'Observatoire national des droits de l'homme, Mihoub Mihoubi. «Il nous est obligatoire d'attirer l'attention de l'opinion publique quant à la propagation du phénomène», ajoute-t-il. M. Mihoubi appelle «à sortir de la politique du silence» que la société imprime à ces drames. Ces derniers, s'explique-t-il, sont le résultat de l'éclatement de la cellule familiale, elle-même victime de bouleversements socio-économiques. «Nous avons le temps nécessaire pour prendre en charge le fléau», estime l'intervenant. De l'avis d'une sociologue, cependant, «on a tendance à tout expliquer par l'éclatement de la cellule familiale». Nacira Merah appelle plutôt à un «travail approfondi» fondé sur une analyse des statistiques des corps de sécurité concernant l'abus sexuel. Mme Merah s'interroge, par ailleurs, sur le cas des enfants victimes d'agressions sexuelles dont les auteurs sont des membres de leurs familles. Ce «travail approfondi» nécessite une mise à jour de l'arsenal juridique. Selon Me Fatima Benbrahem (avocate), la loi ne distingue pas entre un enlèvement (qui peut être positif sur le plan sentimental — une femme qui enlève son fils à son père ou le contraire) et un rapt qui est toujours accompagné d'une intention de nuire (agression sexuelle et assassinat). Me Farouk Ksentini, président de la commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme, approuve : «Il y a un besoin de revoir les textes.» Commentant les chiffres relatifs au rapt, l'avocat s'emporte : «C'est un acte de terrorisme en lui-même !» Me Ksentini appelle ainsi à la création d'un «tribunal spécial» pour juger les affaires liées à ce dossier. L'intervenant espère aussi faire priver les présumés agresseurs des circonstances atténuantes et de la grâce que le président de la République décrète à diverses occasions.