Des centaines d'enlèvements sont enregistrés chaque année en Algérie. La situation est plus qu'alarmante. Sous d'autres cieux, elle aurait soulevé un tollé général. Trafic d'organes, kidnappings d'enfants ne sont pas nouveaux en Algérie. Les statistiques officielles relèvent que près de 1000 enfants, âgés de 4 à 16 ans, ont disparu depuis 2001 à travers tout le pays. Le trafic d'organes des enfants est souvent exercé par des réseaux mafieux, faisant fi des risques encourus pénalement. L'affaire ayant défrayé récemment la chronique à Mostaganem, renseigne sur le seuil atteint par la violence contre les mineurs. La gendarmerie a démantelé un réseau spécialisé dans le trafic de nouveau-nés à l'ouest du pays. L'enquête préliminaire a révélé que 14 personnes parmi les éléments constituant le réseau ont été arrêtées, leur chef de file étant un récidiviste dépassant soixante ans. La perquisition de son domicile, utilisé comme lieu de rendez-vous, s'est soldée par l'interpellation sur place de 7 jeunes filles originaires de Mostaganem dont une mineure. Passées aux aveux, ces dernières ont levé le voile sur le commerce de nouveau-nés et la vente de foetus dans le ventre de leurs mères. Chaque bébé cédé leur rapportait 3 millions de centimes. Invité à donner plus d'explications sur la dangereuse affaire, le premier responsable de la division de police judiciaire du commandement de la Gendarmerie nationale n'a pas voulu s'étaler au motif que l'affaire est en cours d'instruction. Néanmoins, notre interlocuteur n'a pas souvenir que la gendarmerie avait eu à traiter ce genre de crimes depuis les quatre dernières années. La situation de l'enfance en Algérie n'est pas reluisante. Selon quelques observateurs, la prolifération des kidnappings, synonyme de gain facile, est attisée par la quasi impunité dont ont bénéficié les auteurs de ce genre de crimes gravissimes. Ces derniers empruntaient généralement le qualificatif de groupe terroriste armé. Sur plus d'une quarantaine d'enlèvements à Tizi Ouzou et autant à Boumerdès, pour ne citer que ces deux wilayas, un seul kidnapping a été élucidé. Il s'agit du cas d'une fillette enlevée à Boumerdès et retrouvée au bout de quelques jours à Bordj El Bahri. En fait, dissuadés d'aller au bout de leur sale besogne en raison d'un très important dispositif sécuritaire ayant encerclé la localité et bouclé toutes les issues, les ravisseurs ont abandonné leur victime. Ce constat a été fait récemment par la Gendarmerie nationale. Dans le même contexte, les ravisseurs d'une autre fillette à Constantine, trahis par leur comportement suspect, ont été interpellés par les gendarmes ayant renforcé leur présence sur le terrain. Toutefois, il est connu que le trafic d'organes est souvent pratiqué au détriment des mineurs. Si les estimations actuelles suggèrent que le commerce illicite d'organes se maintient à un niveau modeste, ce problème ne perd rien de sa gravité, car il est très probable qu'avec les nouveaux progrès de la médecine, le décalage entre l'offre et la demande d'organes continuera de se creuser. Certains pays ont légiféré sur la pratique de la gestation pour autrui avec plus ou moins de latitude et de dispositifs d'encadrement des pratiques. S'il est vrai que les mineurs nourrissent le commerce et l'instinct pervers de tous genres de ravisseurs et malfrats, en revanche, les statistiques des services de sécurité démontrent que le renversement de la tendance n'est pas tout à fait faux. Pas moins de 3227 mineurs ont été interpellés durant l'année 2009 dans le cadre de l'activité de police judiciaire des unités de la Gendarmerie nationale. En outre, 11.000 mineurs sont présentés chaque année devant la justice, est-il encore relevé par la direction générale de la Sûreté nationale. Cependant, l'absence de coordination entre les différentes institutions et services traitant des phénomènes de violence par et contre la frange des mineurs, empêche l'émergence d'un traitement efficient. Un autre danger plane sur les enfants. Ils sont aussi la proie facile ciblée par les ravisseurs de tout acabit. Il est maintenant établi que les enfants risquent à chaque coin de rue la menace d'enlèvement. Les statistiques des services de sécurité, relatives au kidnapping d'enfant, reflètent réellement l'alarmante expansion d'un phénomène qui hante aujourd'hui la population algérienne. Pas moins de 805 enfants victimes de violences sexuelles ont été recensés au niveau national durant les seuls cinq premiers mois de l'année 2009. En 2008, 1 637 agressions sexuelles sur mineurs ont été enregistrées. Il y a une année, le ministre de l'Intérieur, Noureddine Yazid Zerhouni, faisait état, devant le Conseil de la nation, de 375 cas d'enlèvement enregistrés en 2007 (soit plus d'un kidnapping par jour). Parmi ces personnes enlevées, 108 d'entre elles étaient des mineurs. Quelque 6 milliards de DA de rançons ont été demandés et 1,2 milliard de DA payés par les familles aux ravisseurs. Durant la même année, les différents fléaux et dont nos enfants souffrent terriblement, sont multiples. Enfin, même si le nombre d'agressions sexuelles et autres contre les mineurs et les femmes ne cesse d'augmenter, nombreux et nombreuses sont celles qui passent ces violences sous silence.