Nos cadres installés en Europe et en Amérique affluent de plus en plus vers les Emirats arabes unis qui les accueillent à bras ouverts. Leur savoir-faire est le bienvenu dans ce pays en pleine expansion. De plus en plus de chercheurs algériens établis depuis des années aux Amériques et en Europe immigrent vers les pays du Golfe et notamment les Emirats arabes unis, considérés, en raison de bon nombre de privilèges et d'opportunités d'affaires, comme un nouvel éldorado. «La communauté algérienne établie aux Emirats s'élève officiellement à 7 000 personnes entre enseignants universitaires, chercheurs et hommes d'affaires, mais nous constatons aujourd'hui une ruée d'une grande vague d'Algériens qui viennent des Etats-Unis, du Canada, de la France, de l'Angleterre ou de la Belgique, ce qui va augmenter sensiblement le nombre de l'élite algérienne dans cette région du monde», a indiqué Ali Labchaki, porte-parole de la diaspora algérienne à Dubaï, en marge d'un colloque dédié, hier, à la résidence d'Etat El-Mithaq, à la communauté nationale établie à l'étranger, et organisé par l'APN. Cette nouvelle forme d'exil est motivée, selon notre interlocuteur, par «les innombrables facilitations accordées dans le cadre de «l'émigration sélective», à la diaspora arabe en général par les sociétés émiraties qui ne se privent pas de proposer des salaires astronomiques, des avantages sociaux juteux et des possibilités d'évolution dans les carrières». Dans un autre registre et lors de ce colloque auquel étaient conviés plus de 700 expatriés de haut niveau, le problème de la retraite a été soulevé avec acuité. Bon nombre d'enseignants et de chercheurs voulaient en effet acculer les pouvoirs publics à chercher un règlement définitif à ce récurrent problème «si jamais ces expatriés décident de rentrer définitivement au pays», comme nous l'a si bien confirmé M. Dahmane El-Hadj, enseignant à l'université de Mulhouse (France) et président de Deux rives, une association qui privilégie, outre les échanges scientifiques, le dialogue interculturel. «Beaucoup d'Algériens comptent revenir travailler au pays, mais hésitent encore à le faire car ils savent pertinemment qu'ils auront en face et de toutes les façons, l'épineux problème de la retraite.»Pour sa part, un chercheur algérien établi à Edmonton (Canada) estime que «les scientifiques algériens dont certains gagnent jusqu'à 200 000 dollars par an, ne reviendront jamais en Algérie pour gagner 200 fois moins même si on leur règle le problème de la retraite». Ce que notre homme suggère c'est plutôt une passerelle entre l'Algérie et sa grande communauté établie à l'étranger. Les participants ont, en outre, évoqué les problèmes auxquels est confrontée la communauté nationale dans le pays d'accueil, notamment en Europe à la suite des restrictions introduites dans la loi européenne relative à l'immigration. Il a été aussi admis que les consulats d'Algérie à l'étranger devraient constituer un trait d'union entre les membres de la communauté et leur pays. Mais si «ce colloque constitue une tribune pour discuter une stratégie nationale consensuelle en direction de notre communauté établie à l'étranger», comme le soulignait M. Si Afif, président de la Commission des affaires étrangères à l'APN, il était loin d'assurer un certain consensus dans la mesure où plusieurs chercheurs ont affiché leur mécontentement à propos des «discours creux et démagogiques».