Une journée d'Euro-2008 sans match, c'est la tristesse qui s'installe déjà. Les soirées en direct des stades suisses et autrichiens captées depuis le 7 juin dernier nous ont tellement tenus en haleine que le constat fait par les spécialistes de qualifier cette édition d'excellent millésime nous paraît un doux euphémisme. Seize jours de compétition non-stop avec 28 matchs disputés et deux zéro à zéro seulement, l'un au premier tour (France - Roumanie) et le second aux quarts de finale (Espagne - Italie) à ranger dans le petit tiroir des bides. L'heure est aux bilans, mais aussi au répit pour les quatre sélections qui animeront mercredi et jeudi les demi-finales du grand tournoi européen. Chaque équipe affûte ses armes, tente de récupérer ses forces, scrute et analyse l'adversaire et prépare ses schémas de bataille. Parmi les quatre qualifiés au dernier carré, l'Allemagne est déjà placée comme le premier favori pour aller en finale après sa démonstration de force contre le Portugal en quarts de finale, malgré un premier tour mi-figue mi-raisin avec une victoire d'entrée contre la Pologne sur un doublé de Podolski, une douche froide face aux Croates (1 à 2, et un autre but de Podolski) et un succès étriqué contre le voisin autrichien grâce au détonateur Ballack. La Mannschafft part favorite également par rapport à son adversaire, la Turquie, qui s'est mis – stratégiquement – dans la peau d'outsider en l'absence de huit joueurs, entre blessés et suspendus. En effet, Fatih Terim ne disposera pour ce match que de quatorze joueurs dont deux gardiens, ce qui veut dire qu'il ne peut même pas procéder au changement d'un troisième joueur de champ. L'honneur des Turcs, en cas d'élimination, est déjà sauf, mais une qualification sera doublement historique : d'abord, il s'agit de l'Allemagne, ce pays qui abrite sur son sol une très forte communauté turque et tout le chapelet passionnel qui l'entoure, ensuite, c'est le fait d'être diminué. Et si l'Euro a marqué une pause sur le plan compétitif, l'ambiance à Bâle et à Vienne, les deux villes qui abriteront les deux demi-finales, la tension ne fait que monter à cause, entre autres, de la course pour le sésame : le billet du stade. Aux dernières nouvelles, les prix sur Internet et autour des stades ont atteint les 1 200 francs suisses (800 euros, soit 80 000 de nos dinars !). Beaucoup de supporters néerlandais, notamment, italiens ou croates qui avaient acheté des tickets des demi-finales à l'avance sont en train de les revendre. Pas les espagnols et les russes qui seront renforcés par de nouveaux supporters qui vont affluer dans les heures qui viennent pour ce qui sera considéré comme la revanche du premier tour où les Ibères l'avaient emporté sur un gros score (4 à 1). Cette fois, la sélection de Guus Hiddink a fait sa révolution et se présentera en véritable favori après avoir récupéré son arme fatale, Arshavin. Après avoir réalisé des prouesses en Corée du Sud (quatrième au Mondial-2002) et l'Australie (huitième du Mondial-2006), le mage batave en fera-t-il autant ou mieux avec la Russie qui retrouve sa force et sa fraîcheur physique ? Bousculée au début des éliminatoires, l'Espagne a vite rectifié le tir et avance avec l'une de ses plus belles équipes depuis des décennies au point de faire dire aux spécialistes que si la sélection d'Aragones passe l'écueil des quarts, elle gagnera le titre.