Danger n En sus de la souffrance physique qu'il doit supporter, le patient est contraint aussi de subir des conditions d'hygiène souvent déplorables. Cette insalubrité effroyable met sérieusement en danger la santé du malade, déjà fragile, comme l'explique le chef de service des maladies respiratoires à l'hôpital Mustapha-Pacha, le professeur Salim Nafti : «L'hygiène dans un hôpital doit être irréprochable, or à Mustapha elle laisse à désirer. Il y a beaucoup d'insuffisances et de négligences.» Ce sont, ajoute-t-il, «des sujets très fragiles, dont des personnes âgées et des enfants que nous recevons dans un environnement qui ne répond pas aux normes. Cette situation sévit aussi bien dans les services de consultation que dans les autres services, y compris chirurgicaux». Le manque d'hygiène est visible partout. Dans les chambres, les sanitaires où l'eau ne coule que rarement, sur le mobilier, les murs, les blouses des médecins, sans parler de celles des femmes de ménage ou celles du personnel chargé de servir la nourriture aux malades. Des tâches qui devraient être exécutées par des agents d'entretien spécialisés sont confiées hélas ! à des employés sans aucune qualification en rapport avec l'activité. Une réalité «inadmissible au XXIe siècle» pour le Pr Nafti, qui tient à préciser que cette problématique relève du service d'épidémiologie et de médecine préventive qui, malheureusement, «s'occupe à peine, de temps à autre, de quelques infirmiers auxquels on apprend comment se laver les mains». «Que la serpillière ou l'eau servant au ménage soient sales, cela ne semble déranger personne ni même les risques qu'encourent ces pauvres femmes. Elles travaillent sans aucune protection (sans gants, ni bottes ni masque…). Dans le meilleur des cas, elles enfilent une blouse généralement très sale. Elles transportent chez elles toutes sortes de germes dangereux pour leur santé et celle de leur famille», déplore-t-il. Tout malade admis à l'hôpital doit, en principe, obligatoirement se mettre en pyjama. Une règle qui, selon le professeur Nafti, est complètement ignorée dans nos hôpitaux. «Les malades restent avec leurs vêtements. En sus, les visiteurs ramènent toutes sortes de nourriture pour les malades qui font ainsi des stocks de produits périssables, ce qui aggrave davantage la situation déjà lamentable de l'hygiène du service. C'est un environnement obsolète !», témoigne notre interlocuteur. «Dans un CHU aussi important que Mustapha, le ramassage des poubelles se fait à 9h du matin, alors qu'il devrait se faire la nuit ou très tôt le matin. Ces poubelles contiennent toutes sortes de déchets, des seringues, des compresses, de la nourriture…» Il est utile de signaler, dans ce sillage, «le brûleur» que l'administration de l'hôpital a placé à quelques mètres du service des maladies respiratoires, avec tout ce que cela engendre comme fumée et pollution et pour votre gouverne, il est utile de signaler que «l'hôpital dispose d'un incinérateur qui attend d'être mis en service depuis plusieurs années», révèle le médecin.