Résumé de la 1re partie n La fameuse croix d'ivoire avait alimenté tout un débat sur les vraies ou fausses œuvres. Hovin, le jeune directeur du musée new-yorkais, veut cette croix au péril de son avenir. Il part donc pour l'Europe. Pour l'instant, la recherche d'Anton Topic ne s'avère pas facile. On écrit à toutes ses adresses connues, mais les lettres reviennent : «Parti sans laisser d'adresse» ou «Inconnu». Celle envoyée à Tanger ne revient pas. Dick RandaIl, de son côté, connaît un autre conservateur qui a déjà rencontré Anton Topic et qui a même vu la croix d'ivoire. «Je l'ai vu lors d'un rendez-vous à Zurich, à l'Union des banques suisses. Topic est un petit homme trapu. Il m'a conduit au sous-sol, dans une chambre forte. Il a posé devant moi, sur une table, cinq objets. Puis il a ouvert un écrin qui contenait un calice du Moyen Âge, d'environ 30 centimètres de haut. Un gobelet de verre doré, à l'effigie du «Bon Pasteur». Un faux absolu. Les cinq autres objets étaient tout aussi suspects. Puis Topic m'a montré la fameuse croix d'ivoire. Un ouvrage magnifique, qui représente l'«arbre de vie» avec une inscription latine disant : «La terre tremble, la mort est vaincue», allusion au tremblement de terre qui aurait accompagné la mort de Jésus sur la croix. Il y a de nombreux personnages, un serpent – le célèbre «serpent d'airain» façonné par Moïse qui guérissait les Hébreux mordus par des serpents dans le désert. Le dos de la croix représente les prophètes portant des phylactères couverts d'inscriptions. On voit encore la Vierge au pied de la croix, entourée par saint Jean et la foule des croyants en larmes. Les figures, minuscules, sont toutes dotées d'yeux un peu exorbités, assez étranges. Toute la scène est vibrante d'émotion. En haut de la croix, le Christ, en pleine Ascension, disparaît déjà dans les nuages. Une façon de le représenter qui est typique de l'art anglais.» Hovin écoute ces paroles avec passion : «Mais d'où tient-il une telle merveille ? — Il prétend qu'il s'agit d'un secret qu'il a juré de garder. Cela ne l'empêche pas de demander, sans frémir, un accord de principe du musée pour l'achat ferme... Ce personnage invraisemblable n'a pas hésité à me proposer un pourcentage personnel si la négociation est menée à bien. De toute manière, Topic estime que sa croix doit lui rapporter entre 750 000 et un million de dollars... Pas un cent de moins. Dommage, parce que cette croix est absolument superbe !» En juillet 1961, Hovin reçoit une réponse de Topic : «J'étais absent de Tanger, où je viens de trouver votre correspondance. J'ai été hospitalisé à Zurich.» Mais, entre-temps, la concurrence est forte. D'autres conservateurs ont eu vent de la croix du «roi des confesseurs». Les Anglais se mettent sur les rangs. Topic, ayant baissé son prix l'offre pour 500 000 dollars au musée de Cleveland. A l'époque, souffrant de la colonne vertébrale, il pense que ses jours sont comptés. Mais plus tard, guéri, il fait remonter la barre. Topic informe Hovin que Cleveland est intéressé, et que le premier arrivé fera l'affaire. Le prix, en tout cas, atteint des sommets incroyables. Hovin aimerait bien que son patron, M. Rorimer, soit plus clair dans ses pensées. Que veut-il exactement ? Pour le savoir, Hovin prend rendez-vous avec Topic, pour la fin du mois de septembre, à Zurich. On verra bien. (à suivre...)