Résumé de la 2e partie n Topic, le propriétaire de la croix d'ivoire, veut rencontrer Hovin pour la lui montrer... A l'heure dite, Anton Topic, aussi trapu qu'on le lui a décrit, arrive à l'hôtel où Hovin réside avec une collaboratrice, Carmen Gomez Moreno. On décide de parler en italien, et on se dirige vers l'Union des banques suisses. Hovin, une fois dans la chambre forte, jette un coup d'œil à l'intérieur du coffre : une multitude d'objets, d'écrins, des liasses impressionnantes de billets de banque tout neufs. Puis, pendant une heure, Topic présente à Hovin et à sa collaboratrice tout un fatras d'objets pseudomédiévaux. La laideur le dispute à la fausseté. Il y a là tout un bric-à-brac de figurines, d'émaux, de calices, de vitraux, de tableaux naïfs. Enfin, sortant d'un écrin de velours noir, apparaît... la croix du «roi des confesseurs». Hovin est admis à la toucher. Il en ressent un choc esthétique qui emporte sa conviction. C'est là un chef-d'œuvre incontestable. Et l'ivoire lui-même parle de ses mille ans d'existence. Hovin s'intéresse à l'un des personnages centraux, un barbu à l'œil frémissant, plein de force, et même de hargne. Il note soigneusement l'inscription censée sortir de la bouche du farouche vieillard, dans l'intention de la traduire plus tard. «C'est magnifique, et quelle technique ! Regardez, les visages ont à peine un demi-centimètre de haut et on distingue l'expression des regards, les paupières, les narines, la souplesse des cheveux. Une merveille.» Hovin remarque que la croix pourtant n'est pas complète. Un bloc d'ivoire, tout en bas, est uni. Il doit remplacer un fragment disparu depuis longtemps. Un bricolage de Topic, sans doute. Mais cela n'empêche pas les nombreux personnages d'être fascinants. En particulier deux d'entre eux, qui sont coiffés de capuchons pointus. Hovin, contrairement aux usages du commerce des antiquités, au lieu de relever d'éventuelles faiblesses de la croix, avoue son enthousiasme. «Donnez-moi un jeu de photos de la croix. D'ailleurs j'ai mon appareil et je peux effectuer les prises de vue sur-le-champ...» Anton Topic éclate de rire, arrache l'appareil photo des mains de Hovin et s'éloigne. Hovin profite de cette courte absence pour sortir de sa poche un second appareil et «mitrailler» la croix. Sa collaboratrice fait le guet. Hovin a photographié pendant quatre minutes, pas une de plus. Il cache son second appareil. Topic revient : «Désolé, mais aucune photo. Si M. Rorimer veut voir la croix, elle est à sa disposition ici, quand il veut.» Puis il rend le premier appareil. Hovin continue à regarder la croix dans tous ses détails. Topic, assis au bout de la pièce, lit son journal. Pendant deux heures, Hovin recopie toutes les inscriptions qui figurent sur les phylactères. Il découvre une multitude d'abréviations mystérieuses. Salomon annonce qu'il «montera au palmier et en saisira les fruits»... Sa collaboratrice s'arrache un cheveu et Hovin, en le glissant derrière les détails de la croix, vérifie si elle est constituée d'un seul morceau d'ivoire ou non. C'est le cas pour la plupart des personnages. Exploit technique admirable. Il en profite pour noter la présence de nouveaux personnages : un homme en capuchon pointu, qui pleure ; un vieillard volant, qui brandit le poing d'un air vengeur ; une femme aveugle, qui enfonce une lance dans la poitrine de l'Agneau mystique... Elle est désignée comme «maudite». (à suivre...)