Oran Le jeune homme, gêné par la présence de Samia, se sent comme bloqué. Il se traite de lâche et se lève pour prendre congé. Sur le pas de la porte, il discute encore quelques minutes avec la vieille dame, espérant sans doute voler quelques instants d?intimité durant lesquels il parlerait en toute franchise de la raison de sa visite. Hélas ! Samia est encore là, derrière sa grand-mère, à le guetter. Comme si elle avait peur de les laisser seuls. Si elle n?avait pas été là, aurait-il commis l?irréparable ? Nul ne saurait le dire. Quelques secondes auront suffi pour que tout s?effondre sur le pas de la porte d?une vieille dame qui menait une vie paisible, entourée de son fils, de sa belle-fille et de ses petits-enfants. Quelques secondes auront suffi pour qu?un drame familial secoue le tout-Oran. Sous les yeux terrifiés de Samia et le regard implorant de la vieille Naïma, Mourad sort sans réfléchir un couteau à cran d?arrêt et agresse sa grand-mère, lui portant un coup au niveau de l?aorte avant de prendre la fuite, abandonnant derrière lui une femme morte gisant dans une mare de sang et une autre, plus jeune, hurlant telle une hystérique. Lorsque l?ambulance arrive, la vieille grand-mère a déjà rendu l?âme. Quant à Mourad, il a vite fait de rejoindre son quartier de Sidi El-Bachir. Il tambourine de toutes ses forces à la porte de son voisin et lui demande de lui laver ses vêtements tachés de sang, prétextant une bagarre au coin de la rue? Bien entendu, il est hors de question qu?il rentre chez lui dans cet état, car sa mère ne supporte pas la vue du sang. Le voisin n?est pas convaincu par cette histoire à dormir debout, mais il rend quand même service à son ami de toujours. Le voisin ne s?attendait pas à la visite de la police, une dizaine de minutes plus tard. Il ne comprend rien. Arrêté, Mourad reconnaît son entière responsabilité dans le crime horrible, après avoir tout nié lors d?un premier interrogatoire. Cependant, il explique qu?il n?avait nullement l?intention de tuer sa grand-mère. Il voulait juste lui demander une somme d?argent, et c'est dans un moment d?extrême désespoir qu?il a commis cette «affreuse bêtise». Le rapport des psychiatres est unanime : Mourad est sain d?esprit et, au moment des faits, il n?était ni drogué ni ivre. Un fait qui va peser lourd au cours de son procès. En attendant, le jeune criminel, dans sa cellule, maudit par sa famille, prend-il conscience de son acte ?