Sévérité n Une nouvelle directive «retour» prévoit notamment pour les étrangers en situation irrégulière une durée maximale de rétention de 18 mois (elle est de 32 jours actuellement en France). La Commission européenne va apporter mardi sa pierre à l'édifice avec dix propositions sur l'immigration et un plan pour une politique d'asile. Le texte soumis mercredi à l'approbation des députés européens cherche à encourager le départ volontaire des étrangers en situation irrégulière et prévoit des dispositions pour expulser les récalcitrants. Les détracteurs du texte dénoncent la dureté du volet répressif. «Un message extrêmement violent est envoyé aux candidats à l'immigration», dénonce le Français Francis Wurtz, le président du groupe de la Gauche unie européenne (GUE), un des opposants au texte qu'il considère comme «une véritable injure à la dignité humaine». Ces mesures coercitives sont dures : rétention administrative pour les étrangers refusant de partir, possibilité de les maintenir dans ces centres pendant 18 mois et bannissement pour 5 ans. Elles s'appliquent également aux mineurs, ce qui a poussé Jacques Barrot, commissaire européen en charge des affaires de justice, à inviter les Etats membres à être «attentifs aux droits de l'enfant lorsqu'ils appliqueront la nouvelle législation. La France, l'un des pays les plus hostiles aux sans-papiers, ne veut pas entendre parler des règles facilitant l'expulsion des sans-papiers. Paris a déjà annoncé la couleur par le biais de son ministre de l'Immigration Brice Hortefeux. il veut faire adopter un projet de «Pacte européen sur l'immigration et l'asile» et ne veut pas avoir à renégocier un compromis sur les expulsions. Paris craint surtout le vote en codécision du Parlement européen qui pourrait atténuer les nouvelles mesures. Les opposants au nouveau texte disent que l'approbation du Parlement européen n'est pas assurée. «Si un seul amendement passe, le compromis tombe», a expliqué l'eurodéputée socialiste française Martine Roure. Les pressions sur les élus sont très fortes dans son groupe, a-t-elle confié. «Les socialistes sont officiellement contre le compromis, mais plusieurs délégations importantes qui sont au pouvoir dans leurs pays comme les Allemands, les Espagnols et les Britanniques, auraient tendance à le soutenir.» Les opposants au texte disent compter sur les suffrages des élus italiens et britanniques du groupe Libéral (Adle) et sur les votes de certains eurodéputés catholiques du Parti populaire européen (PPE, conservateur) sensibles aux critiques très sévères émises sur le texte par le Vatican et par la Commission des épiscopats de la communauté européenne. La lutte contre l'immigration illégale et les clandestins est un des piliers de la politique commune voulue par l'Union européenne. Elle doit être complétée par des règles pour encadrer l'asile et l'immigration légale.