Chiffres n En France, plus de cinq millions de vélos, tous types confondus, sillonnent les villes et les campagnes. En Belgique et au Danemark un peu moins. En Algérie, on en compte seulement 200 000 ! Les deux tiers à l'intérieur du pays. Pour Farid Chibane, fils d'un champion hors pair qui n'avait rien à envier aux Fausto Coppi, Louison Bobet et Eddy Mercx, il s'agit d'une mort programmée d'une culture pourtant bien ancrée dans le nord du pays, même si le vélo résiste dans le sud, tout comme d'ailleurs la moto. «Pour relancer le vélo en Algérie, il faut impérativement relancer le Tour d'Algérie, sinon c'est sa mort annoncée. On voit bien quel effet a le Tour de France sur la pratique elle-même dans l'Hexagone, en Belgique et au Danemark pour ne citer que ces trois pays. Les gens sont emmenés dans la frénésie du Tour, même avec les tristes épisodes du dopage. En voulant imiter leurs champions, ils vont directement dans les magasins acheter des vélos. Lorsque le Danois Riis a gagné le Tour de France, plus d'un million de vélos ont été vendus au Danemark. Chez nous, ce n'est pas pareil, parce que le cyclisme en tant que sport à perdu toutes ses lettres de noblesse avec la disparition du Tour d'Algérie et des autres compétitions comme les critériums et les courses sur piste», explique-t-il sans ambages. Selon Rabah Ouchoua, manager de 2AS-Algérie, boîte de communication à Alger ayant organisé le premier Salon international du Deux roues à la Safex, la place actuelle du vélo dans la société algérienne doit être le résultat d'une politique nationale qui doit prendre en compte l'essor du vélo en particulier et les deux roues en général pour tenter de faire face à la totale saturation actuelle des voies de circulation, constatée dans et à la périphérie des grands centres urbains. Une saturation qui va crescendo à mesure que le parc automobile augmente de façon exponentielle, les concessionnaires aidés, il est vrai, par les multiples astuces de facilité du paiement. M. Ouchoua admet, en homme avisé, que les pouvoirs publics ne font rien pour faciliter et encourager les déplacements urbains à vélo alors qu'à l'opposé, il existe plusieurs acteurs qui se disent aptes à investir dans le créneau pour peu que ce soit porteur. «Je connais une personne apte à mettre sur le marché plus de 1 000 vélos. Ce serait une bonne chose pour le cyclisme», explique notre interlocuteur. Outre l'engouement que devrait susciter la pratique du vélo en Algérie, M. Ouchoua pense que le deux roues peut être la solution à la crise intenable de la circulation routière prise aujourd'hui dans les tenailles des embouteillages notamment dans les grandes villes, mais que tout reste à parfaire dans le domaine de l'aménagement du territoire. Il prend comme exemple une étude néerlandaise faite dans ce sens. Celle-ci estime qu'en «une heure et sur une largeur de 3,5 mètres peuvent passer 22 000 personnes en tramway, 19 000 à pied, 14 000 en vélo, 9 000 en autobus et seulement 2 000 en voiture». «Pourquoi ne pas prendre dès lors cet exemple car ce n'est pas interdit de copier les bonnes choses qui se font sous d'autres cieux avec les bons résultats que l'on connaît», avoue-t-il plus loin.