Lundi 16 juin : le baril du pétrole a manqué de peu la barre des 140 dollars sur les marchés de New York et de Londres. C'est un nouveau record historique. Pourtant, trente-huit ans auparavant, le même baril revenait à 2 dollars seulement. La montée est fulgurante en quatre décennies. A chaque étape, des enjeux géostratégiques et des décisions politiques influent sur le cours du baril. La première date-clé est l'année 1970. Avant cette date, les pays producteurs n'avaient aucun contrôle sur leurs richesses et les prix étaient imposés par les firmes internationales. Le diktat a duré 20 ans. Sa fin a été décrétée sur décision politique prise par l'Algérie. Le 24 février 1971, le président Houari Boumediene annonce la nationalisation des hydrocarbures. D'autres pays ont suivi cette politique d'appropriation des richesses nationales. En 1970, le baril du pétrole saoudien revenait officiellement aux Etats-Unis à 1,8 dollar. Trois ans plus tard, c'est le premier «choc pétrolier». En octobre 1973, les armées de plusieurs pays arabes s'affrontent avec l'armée israélienne. Pour soutenir la cause palestinienne, les Etats arabes membres de l'organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) décident d'un embargo partiel à l'encontre des nations soutenant Israël dans cette guerre. Unilatéralement, l'Arabie Saoudite décide un arrêt total de ses exportations de pétrole vers les USA. La raison ? Les Etats-Unis ont fourni des armes à Israël. L'embargo ne sera levé que le 18 mars 1974. Les pays arabes ne sont pas parvenus à réaliser leur objectif, à savoir la création d'un Etat palestinien, mais le cours de l'or noir a dépassé les 10 dollars le baril. De 10 dollars en 1974, le baril dépasse les 20 dollars en 1979. Le déclenchement de la révolution en Iran a provoqué l'envolée des prix. C'est le deuxième choc pétrolier. Une année après la guerre Iran-Irak éclate, elle poussera le prix du baril au-dessus de 30 dollars. Il atteindra 39 dollars début 1981. Cinq ans plus tard, c'est la crise. Le baril est au-dessous des 10 dollars en 1986. La production des pays non-membres de l'Opep fausse les calculs. Les choses n'en sont pas restées là. Fin septembre 1990, le seuil des 40 dollars a été franchi suite à l'invasion du Koweït par l'Irak. Après les attentats du 11 septembre 2001 aux USA, le baril est à 30 dollars. Il termine cependant l'année sous la barre des 20 dollars. Depuis, c'est l'ascension : 40 dollars en mai 2004, 50 en septembre de la même année, 60 en juin 2005, 70 fin août, 80 en septembre 2007, 90 le 18 octobre. Le 21 novembre, le baril grimpe jusqu'à 99,29 dollars. Le 2 janvier 2008, il dépasse le seuil psychologique des 100 dollars. Après une pause, il recommence à grimper, atteignant 115 dollars le 16 avril, 120 le 5 mai, 130 le 21 mai et 135 le lendemain…